Oriane Jeancourt-Galignani nous livre avec son roman L’audience une histoire émouvante et révoltante tirée d’une histoire vraie ,celle Christine Brittini Colleps jugée en 2012.
Déborah Aunus, 28 ans, est professeur de mathématiques dans un petit village au Texas. Elle enseigne auprès d’adolescents dont certains sont majeurs. Mariée à un soldat parti en Afghanistan et mère de 4 enfants, elle va commettre l’irréparable en couchant avec 4 de ses élèves. Les jeunes gens sont majeurs et consentants mais elle tombe sous le coup de la loi pénale de 2003 qui élève cet acte au rang de crime. Une telle accusation serait impensable en France mais elle l’est dans cette Amérique hautement puritaine.
Jugée, elle est jetée en pâture comme une sorcière à la société pour avoir usé de sa liberté sexuelle et assumé ses désirs de femme. Ce livre, construit comme un véritable polar, nous raconte ces 4 journées de procès au cours desquelles, l’héroïne demeure silencieuse face aux jugements, indignations de l’assistance. Sa vie est mise à nue sans aucune retenue ni pudeur. L’assistance est outrée mais se délecte des détails de ses ébats avec ces jeunes garçons.
Le procès, c’est le spectacle et au centre il y a Déborah qui demeure silencieuse comme si le silence était son dernier rempart .Où est l’obscénité ? Quel est le coupable ? Est-ce cette jeune femme à peine plus âgée que ses amants ou l’assistance, voyeuse, perverse qui se positionne en tant que censeur ?
L’audience est un roman à suspense tiré d’une histoire vraie que l’on pourrait penser d’un autre temps. Il n’en est rien. L’audience est avant tout un livre sur la liberté ou plus justement, un livre sur le manque de liberté dans une Amérique hautement puritaine qui juge, condamne la liberté, le désir sans aucune retenue ni états d’âme. Cette Amérique est celle d’aujourd’hui, celle qui se veut libertaire au risque de choquer, celle que l’on regarde et que l’on admire parfois. L’audience nous pousse à réfléchir sur la place ô combien fragile, de nos libertés individuelles dans une société qui se veut celle du progrès.
Merci aux éditions Albin Michel pour cette lecture.