” Lorsque Suze Trappet, sérieusement malade, apprend à 43 ans qu’il ne lui reste que peu de temps à vivre, elle décide de partir à la recherche de l’enfant qu’elle a été forcée d’abandonner quand elle avait quinze ans. Sa quête administrative va lui faire croiser la route de JB, quinquagénaire en plein burn out, et Monsieur Blin, archiviste aveugle d’un enthousiasme impressionnant. A eux trois, ils se lancent dans une quête aussi spectaculaire qu’improbable. ”

Derrière le cynisme, l’humanisme

Disons le d’emblée, le style Dupontel, ça passe ou ça casse. Avec Adieu les cons, le réalisateur-scénariste-acteur signe une comédie mélancolique qui trouve entièrement sa place dans sa filmographie. Après le très bon Au revoir là-haut (César du meilleur réalisateur), Albert Dupontel nous revient avec un film moins grandiloquent et ambitieux mais à l’humour toujours aussi noir, grinçant, où une touche de poésie et d’absurde, dont il a le secret, se mêle à la palette des couleurs. Auteur à part dans le monde du cinéma français, Dupontel prouve une fois de plus qu’il est possible de proposer une comédie intelligente sous fond de critiques sociales.

Dans cette fable sombre, presque désespérée, l’acteur-réalisateur qui incarne JB, quinquagénaire suicidaire, met en scène Virgine Efira (sublime) dans le rôle de Suze Trappet, personnage acharné dans sa recherche, et son compère Nicolas Marié qui compose un M. Blin drôle et généreux. Un trio réjouissant, prêt à tout pour accomplir leur quête, réuni par un point commun : une vie brisée. Ensemble, pendant un court laps de temps, ils vont réapprendre à vivre tout en étant paradoxalement toujours au bord de la brèche. De cette quête désespérée, histoire presque simpliste au premier abord, Dupontel en tire une oeuvre aussi explosive que délicate. Un regard sur notre société actuelle, ultra-numérisée, déshumanisée, qui met à mal les âmes cassées.

Adieu les cons raconte une fuite en avant, une vadrouille nocturne, qui débute ordinairement avant de plonger, au fil des péripéties, dans l’absurde. Toujours aussi visionnaire et précis tant dans sa mise en scène que dans le travail de l’image, ou du rythme, Dupontel signe un film généreux fait d’oppositions, plein de trouvailles, de visions oniriques, de délires burlesques. Mais surtout, derrière cette imagination débordante se cache une grande part de tendresse. Que ce soit dans le choix du cadre, dans la direction artistique, tout est fait pour sublimer la profondeur de ses personnages (et par extension, ses comédiens). Au fil des péripéties, subtilement, la comédie laisse place à l’explosion des sentiments. De ses oppositions, née l’émotion ; entre sourires et larmes, croyance et désespoir, beauté et désolation, poésie et cynisme. Surtout, il parle d’amour ; l’amour d’un réalisateur pour son art, pour ses personnages, pour la vie si fragile.

Adieu les cons, c’est l’histoire d’êtres incomplets qui tentent de survivre à de mornes temps modernes. Un film qui tente de contrebalancer la violence du monde, de cette société sinistre, déshumanisée, par l’absurde, la tendresse et l’humanisme. Une comédie grinçante servie par un casting touchant et une mise en scène d’une grande richesse visuelle. Aussi émouvant qu’imprévisible, le Dupontel 2020 est un bon cru qui touche en plein cœur. On en redemande !

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