Parmi les films projetés hors compétition au Festival International du Film d’Aubagne, nous avons eu une bonne surprise : l’excellent Bogowie de Lukasz Palkowski. Film polonais, et histoire vraie, nous replongeant dans la formidable époque des cols roulés couleur moutarde et de la camaraderie communiste. Back in the U.S.S.R. avec Bogowie.

Sourire en coin, dos voûté et cigarette à la bouche, le docteur Zbigniew Religa est un chirurgien cardiaque désabusé mais pourtant obstiné. Malgré le respect que lui témoignent ses collègues, il n’arrive pas à faire accepter à ses supérieurs les nouvelles techniques de greffes du coeur, pourtant révolutionnaires. Tout change lorsqu’il se voit proposer la direction d’une clinique, où il aurait carte blanche pour pratiquer. La suite nous la connaissons -presque- tous : Zbigniew Religa sera le premier à réaliser une greffe du coeur en Pologne, parmi les premiers dans le monde, et deviendra par la suite ministre de la santé pour son gouvernement.

L’interprétation des acteurs est purement géniale, un grand effort ayant notamment été appliqué à la ressemblance entre les acteurs et les véritables personnages. L’ambiance, elle aussi est très réussie, très sombre et très pesante. On arrive assez bien à sentir l’atmosphère du rideau de fer pesant sur la Pologne, ainsi que le poids de la conscience des personnages, qui se savent à un tournant de la médecine moderne.
La musique de Bartosz Chajdecki sait se montrer intimiste et sombre, ou alors effrénée et éreintante, collant à la perfection avec jeu des acteurs, faisant globalement penser à In The House, In A Heartbeat de John Murphy pour 28 Jours Plus Tard (entendez ici, la montée en puissance de la sonorité, appuyée par une guitare électrique et une mélodie simple au piano).

Le titre Bogowie (Dieu en polonais) amène à une pensée sous-jacente, qui n’est sans doute pas assez développée dans le film, et on ne peu que le regretter : la relation entre la tendance catholique orthodoxe de la Pologne, majoritaire à la fin de la Seconde Guerre Mondiale et amenant une certaine peur de la science, et la communauté scientifique internationale, principalement concentrée de l’autre côté du « mur ». Le coeur est d’ailleurs qualifié à plusieurs reprises de « relique », renforçant la dualité entre Eglise et Science.

Derrière cette histoire se cache aussi l’une des photographies les plus connues de l’histoire de National Geographic : un chirurgien regardant les constantes d’un homme qu’il vient d’opérer, pendant que son assistant dort dans le fond de la salle. Cette photographie a permis d’avoir un autre regard sur un système de sécurité sociale jugé comme défaillant (et qui dans les faits, l’a réellement été), alors que la fin de l’URSS commençait déjà à se faire sentir.

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