Franco termine son dernier jour de service dans la police nationale, après trente-cinq de carrière. Et pendant trente-cinq ans, il n’a pas une seule fois appuyé sur la gâchette. Sa dernière nuit va être bien plus mouvementée.

Entre l’amour du métier et l’amour des siens

Quoi de mieux que gagner une belle somme d’argent à la veille de sa retraite ? Franco n’a jamais cherché l’aventure dans son métier : il a voulu faire correctement son travail et servir sa patrie. Mais l’appel de l’argent est parfois plus envoûtant que les principes. Le spectateur est complètement investi dans ses questionnements, car ses principes moraux sont mis à mal : que faut-il faire lorsque l’on veut penser à son futur et à sa prospérité ?

La famille a également un rôle très important : c’est elle qui est le centre de l’intrigue. Elle prépare les coups et la communication est parfois difficile. Lorsque le personnel et le professionnel se mêlent, trouver un terrain d’entente peut s’avérer complexe, et surtout dangereux.

Un thriller haletant

Le format Cinémascope du film et ses couleurs sombres et saturées en font un film angoissant et immersif. Le jaune et le bleu cohabitent à l’écran, comme si l’espoir et la détresse étaient en perpétuel conflit. L’action est totale, les peurs sont décuplées et les scènes de tensions nous laissent pantois. La force du film réside en cela : sa deuxième partie se passe dans un seul lieu périlleux et étouffant, chargé de tristesse et de menace.

Une mise en scène technique

De plus, la caméra épaule crée une distorsion de la réalité (parfois, elle tremble tellement qu’il est difficile de percevoir le paysage diégétique). Cet effet, couplé aux arrières-plans fous et aux gros-plans, crée un malaise et une perte de repère chez le spectateur. Ce dernier est perdu dans l’espace qui se rétrécit et se renferme sur lui-même. Tout comme Franco et sa femme, le temps se fige et les perceptions sont amoindries.

Ce procédé contraste avec les top shots sur Milan qui parsèment le film, à commencer par la séquence d’ouverture. Durant plus de cinq minutes, les vues aériennes sur Milan se succèdent en un plan-séquence puis se rapprochent de plus en plus du sol, jusqu’à arriver à l’appartement de Franco. De ce fait, dès le début, Franco est associé à Milan en tant qu’individu identifié par le prisme de la ville. Puis, les différents top shots tout au long du film perd les personnages dans l’immensité du paysage jusqu’à les anonymiser pour faire place à l’individualité milanaise. D’ailleurs, l’anonymat perdure avec les effets de silhouettage sur le visage de Franco lorsqu’il se trouve dans une zone d’ombre, entouré de lumière jaune. L’espoir et les ténèbres se heurtent.

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