14 Juillet, un livre d’Eric Vuillard publié aux éditions Actes Sud, est un roman historique où le narrateur externe nous décrit les événements de ce jour mémorable selon son point de vue.
Que s’est-il passé ce jour-là ? Comment la foule en est-elle venue à prendre la Bastille ? Qu’ont-ils pu ressentir, ces milliers de gens amassés devant les portes du grand bâtiment ? Autant de questions qui trouvent une réponse ici, dans une Révolution plus vivante que jamais.
C’est un roman pleinement historique. Voilà ce que je me suis dit la première fois que j’ai vu le livre. Son format particulier lui confère un aspect de chronique, d’article de journal voulant relater l’Histoire.
Nous suivons les grands événements de cette grande journée dans un ordre chronologique rigoureux, encore signe de cette véracité historique. D’abord loin de la Bastille, nous nous en rapprochons peu à peu, autant spatialement que temporellement, dans le même temps que la foule qui avance. Une foule qui oscille durant tout le roman entre général et particulier. L’histoire donne tour à tour le rôle principal à différents personnages, dont les noms se perdent dans la masse. Le personnage est un parmi des milliers. Puis ils sont des milliers qui ne font plus qu’un. Chaque événement, chaque personnage est évoqué avec une précision étonnante. Les phrases sont longues, avec beaucoup de qualificatifs, de longues énumérations … Tout cela participe à noyer le particulier dans la foule de la généralité. D’ailleurs, cette foule de la Révolution n’en finit pas, elle est gigantesque et l’hyperbate s’en fait ici la garante.
Cependant, ce côté historique, qui se veut plus vrai que vrai, se mêle à la fiction. Même si les personnages nous parlent quelquefois pour exprimer leur désarroi, c’est la plupart du temps un narrateur indécis, voire ignorant qui nous parle. Il décrit les scènes d’action et des tableaux particulièrement vivants et imagés comme lui les imagine. Souvent l’hypotypose transparaît à travers ses paroles. On peut même se demander si tous les noms cités sont véritablement ceux des personnes qui étaient présentes, ou s’ils n’ont pas tout simplement été inventés. Entre fiction et réalité, Eric Vuillard nous raconte une épopée des inconnus.