Lina Bengsdotter nous raconte la vie d’une petite ville: Gullspang, l’un des pires endroits de Suède semble-t-il. A Gullspang, pas grand-chose à faire: ils allaient quitter Gullspang.
A la première occasion, ils partiraient. C’était à cause de l’ennui. Les adultes sont chômeurs ou travaillent durement dans l’usine à papier de la ville voisine et se saoulent le soir au pub.
Les habitants comme Fredrick et Nora – dont leur fille Annabelle vient de disparaître – sont arrivés là à cause des loyers bon marchés. Charlie Lager, inspectrice en charge de l’enquête sur la disparition d’Annabelle a réussi à fuir Gullspang à 14 ans pour étudier et faire carrière à Stockholm. Elle s’est jurée de ne jamais retourner là-bas, mais on l’y envoie pour l’enquête et elle n’ose pas refuser. Elle va y rencontrer son passé et céder à ses démons.
L’auteure développe une quadruple narration en parallèle. D’abord l’enquête menée par Charlie et son adjoint Anders avec l’aide de la police locale.
Puis les souvenirs de jeunesse de Charlie avec son amie Susanne et son imprévisible mère Betty. Mais aussi la chronique du jour où Annabelle a disparu et enfin bien avant tout ça, la relation dangereuse entre deux fillettes paumées Rosa et Alice. Ce procédé littéraire permet de maintenir l’intérêt en milieu de roman quand l’enquête piétine. Car la vie de Charlie enfant auprès de sa mère est une histoire émouvante, fort bien racontée et pleine de suspense.
Finalement que s’est-il passé ? Qui a poussé Charlie à quitter Gullspang ? Qui sont Rosa et Alice par rapport aux protagonistes actuels ? Charlie va-t-elle reprendre le dessus ou sombrer à Gullspang? Qu’est-il arrivé à Annabelle qu’une équipe de missing people cherche sans relâche?
Des passerelles vont naturellement apparaître entre ces quatre histoires. J’ai rarement lu un roman aussi bien construit. La lecture reste facile et fluide, on ne peut lâcher le récit. L’auteure brosse avec talent le portrait de personnages qu’on n’est pas prêt d’oublier. C’est très beau, très fort. J’ai été séduite.