Captifs de Kevin Brooks publié par Super8 Editions est un petit pavé de 320 pages, qui se lit très facilement. Ce roman d’enfermement, mais aussi épistolaire, a été l’objet de polémique en Grande Bretagne pour sa violence et parce qu’il fait preuve de nihilisme. Par conséquent, il a reçu la très prestigieuse médaille Carnegie.
Linus, 16 ans, a quitté sa famille depuis quelques mois et a opté pour une vie marginale, où la liberté appartient à chacun, la rue. Or un jour, après avoir apporté son aide auprès d’un homme mal voyant, il est pris au piège dans un van et se fait kidnapper. Il se retrouve enfermé dans un bunker tout blanc. On y compte 6 chambres, 6 chaises, 6 assiettes, 6 verres, 6 couverts. Les captifs vont arriver progressivement dans l’histoire. Avec une mise en scène différente, ils auront eu affaire à un personnage différent à chaque fois lors de leur enlèvement. On compte alors parmi eux, une petite fille de 9 ans, une jeune femme guindée, un homme bien portant spécialisé en management, un toxicomane et un vieillard malade. C’est Linus qui raconte, écrit, se confie.
Enfermés jusqu’à quand ? Pourquoi ? Par qui ?
Dans ce roman, l’instinct de survie prime. On met en avant la force et l’impact psychologique des personnages. Cet homme, à l’origine de cette captivité, tel un marionnettiste, va jouer jusqu’à pousser les limites de chacun. Sans avoir véritablement posé les conditions du jeu, lui ne fera preuve d’aucunes limites.
Très intriguée tout le long, j’ai poussé la lecture pour savoir jusqu’où Kevin Brooks pourrait me conduire. J’ai apprécié certaines scènes, mais j’ai trouvé qu’elles pouvaient être davantage développées. Les idées étaient subtiles. D’ailleurs, je n’ai pas compris que la Grande Bretagne ait été choquée, j’aurais voulu que certains passages soient plus durs, plus hards. Le récit, tout de même assez sombre, a fait preuve de retenue. J’aurai souhaité que Kevin Brooks se lâche un peu plus, même si il m’a fait ressentir la crainte.
Ce qui me fait le plus peur, c’est que cette histoire puisse être possible. Qui sait, peut-être qu’à l’heure où je vous écris, à l’heure où vous me lisez, des gens le vivent, voire le subissent.
Quant à la fin, même si je reproche à Kevin Brooks d’avoir fait preuve de retenu lors de certains passages, cette lecture me laisse assez mitigée sur l’appréciation de ce livre. J’ai été sacrément surprise. Du coup, je me suis mise à réfléchir sur les différentes situations, avec des « Si…, et si…, mais non! », pour finalement me dire c’était pas mal du tout !
« En réalité, tout ça n’a rien à voir avec l’enfer. C’est autre chose que j’étais en train de penser. Je pensais à quel point j’étais malchanceux. Malchanceux qu’on soit venu me chercher comme ça, sans raison, pour m’enfermer dans ce trou à rats sans aucune chance d’en sortir. Je pensais que je devais être l’une des personnes les plus malchanceuses au monde. Et puis j’ai commencé à y penser vraiment. »