Chevalier est sorti le 16 juillet 2023 sur Disney+. Il retrace l’histoire de Joseph Bologne, un escrimeur, violoniste et compositeur prodige du XVIIIe siècle.

Une mise en scène brillante
Le long-métrage est un bonheur visuel. Les travellings s’enchaînent avec grande précision et apportent du rythme même aux scènes les plus immobiles. Même lorsque Joseph est calme, on ressent le bouillonnement qui l’anime grâce à la mise en scène expressive.
La caméra est mouvante et habille au mieux les décors d’une beauté exquise. Le tout est magnifié par les transitions notoires ; je pense notamment à une première transition où l’archet du violet se transforme en épée par un mouvement habile du musicien.


Joseph Bologne, héros historique
Figure oubliée à l’arrivée de Napoléon 1er au pouvoir, le talent et le prestige de Joseph Bologne est saluée par Chevalier. Le film présente un homme au grand caractère, ambitieux et doté d’une ingéniosité extraordinaire. Il contourne les règles ségrégationnistes de son temps et s’impose comme l’un des meilleurs compositeurs de son époque. Il est parfois sans pitié avec sa mère, car très exigeant ; il veut prouver constamment qu’il est le meilleur.
Kelvin Harrison Jr, interprète de Joseph Bologne, est impressionnant dans ce rôle qu’il incarne avec une décontraction maîtrisée. Bologne a confiance en lui et est certain de ses capacités, quitte à décontenancer les personnes qui l’entourent. Toujours droit, le menton relevé et le visage apaisé, il incarne l’autorité douce : celle du peuple, tout en restant au service de la musique.

Parti pris historique
Le récit prend place à la veille de la Révolution Française, et le film joue sur deux plans différents. Le premier est celui de l’aristocratie, qui est forcée de constater ses aptitudes hors-normes en tant qu’escrimeur, violoniste et compositeur. Quelques minutes sont consacrées à son enfance, lors de son entrée dans une école prestigieuse, mais le film se concentre surtout sur sa réussite instantanée lorsqu’il entre à la Cour.

Le deuxième plan est celui du peuple, que Joseph découvre progressivement aux côtés de sa mère. D’abord, il est témoin des révoltes populaires contre Marie-Antoinette, mais ne s’y attarde pas, restant à l’écart. Ensuite, il commence à s’y intéresser et, comme dans tout ce qu’il entreprend, il devient le chef de file de notre devise nationale : Liberté, Egalité, Fraternité.
Pour autant, le long-métrage a pour titre Chevalier, mais il se concentre peu sur ses victoires en tant qu’escrimeur. Le récit se focalise surtout sur ses prouesses musicales et ses histoires d’amour. Bien que les musiques soient très agréables à entendre et que les séquences sur scène sont magnifiques, il est regrettable de ne pas en voir plus sur ses combats en tant que Chevalier.