Beigbeder, né en 1965, nous avait habitué à des récits dont le narrateur ne s’économisait jamais. Alcool, drogues, femmes, fornications et fêtes, ce romancier et critique littéraire n’avait de cesse de nous livrer les pages d’une vie épisodiquement dépravée, au cours de chapitres étroitement liés à sa propre existence.
Mais après Dernier inventaire avant liquidation et Premier bilan après l’apocalypse, cet ouvrage constitue le troisième volet que consacre Frédéric Beigbeder à la littérature. Et en comparaison avec les deux premiers, ces Conversations d’un enfant du siècle nous sont présentées ici comme un immense café littéraire dont on retiendra longtemps que de très grands talents peuplent encore les rayons de nos librairies et que leurs œuvres survivront au minimum dans le cœur de Beigbeder, mais pas que. Car s’il est incontestable que Beigbeder aime écrire sur lui, et qu’il fait ça bien, il est tout aussi évident qu’il sait écrire sur ce métier qui consiste à raconter des histoires. Il a réuni pour cela, sur près de quatre-cent pages, des interviews réalisées par ses soins, d’auteurs tels que (pour n’en citer qu’une partie) Philippe Sollers, Umberto Eco, Michel Houellebecq, Simon Liberati, Tom Wolfe, Jay McInerney ou bien Bret Easton Ellis. Chacun d’eux, porté par des questions constamment pertinentes, nous apporte sa vision de la littérature, du milieu littéraire, de l’Amérique, de l’avant et l’après 11 septembre, mais aussi du monde en général.
Des « conversations » comme dit Beigbeder, qui nous permettent de découvrir ce qu’est et restera le livre, ce trésor qui nous échappe.
Des conversations qui, toutes à la fois, tissent un essai, un recueil et une source considérable d’informations.