Loin de l’amour paternel, ce Daddy Love traite plutôt de l’abandon, la violence, l’horreur humaine… Bref, l’amour avec un grand « A » est détourné et nous frappe en plein visage.
J’avoue avoir eu quelques difficultés à rentrer dedans. Ceci était dû aux 4 premiers chapitres qui sont 4 visions différentes de la même scène. Cette fameuse scène de kidnapping. Si elle peut paraître redondante et un brin lourde, au final, on y découvre les divers points de vue, toujours plus de détails. Donnant la sensation d’être dans l’esprit meurtri et bégayant de la victime, qui ici serait la mère de l’enfant kidnappé.
Insidieusement, Joyce Carol Oates se fait la narratrice de la violence des hommes entre eux. Alors que l’on pense être coincé dans une boucle sans fin, on se retrouve projeté dans le van du tristement fameux « Daddy Love ». On fait la connaissance d’un monstre et on se sent impuissant à l’idée de ne pouvoir venir en aide à ses jeunes proies.
Le récit épuré dresse un portrait du mal avec un grand « M », de l’horreur avec un grand « H ». Il en devient dérangeant et certains lecteurs pourront refuser d’aller au bout. Elle nous rapporte des faits et ne s’attarde pas à dresser un portrait psychologique de son « monstre » pour lui trouver de potentiel « excuses » quant à son comportement. Le lecteur jongle alors entre la position de victime et celle de bourreau. Difficile de supporter ce changement en gardant le sourire et l’esprit paisible. L’auteur joue avec nos nerfs et nos sentiments.
Je viens de terminer cette lecture. J’en ressors bouleversée et dégoûtée par tous ces détails sordides. Impression d’être un « voyeur ». J’ai poursuivi le roman car je voulais savoir ce qu’allait devenir Gidéon après 6 ans passés aux côtés d’un monstre ?
L’angoisse des parents, leur attente, leur résignation et puis le retour de Gidéon ou Robbie au sein du foyer ont été des moments forts du livre. Rien que pour cela, lisez ce livre. On n’en sort pas indemne.