Les auteurs ont un rapport particulier avec l’écriture. Certains écrivent pour exister. D’autres pour exorciser leurs démons, provenant parfois de leur propre passé. Ecrire peut vite devenir un exutoire, une échappatoire. Je pense que ç’a été le cas pour Anne-Dauphine Julliand qui, avec son livre Deux petits pas sur le sable mouillé, nous livre un témoignage poignant.
Par une belle journée ensoleillée, passée en famille, Anne-Dauphine remarque que le pied de sa petite fille vrille un petit peu. Elle emmène alors Thaïs, son petit ange âgé de deux ans, consulter divers spécialistes. Après moult examens, le diagnostic tombe : Thaïs est condamnée, son état va rapidement se dégrader. Elle n’a plus que quelques mois à vivre. Tous ses proches lui font alors une promesse : tu auras une belle vie, tu auras tout l’amour qu’il te faut. « Il faut ajouter de la vie aux jours quand on ne peut ajouter de jours à la vie. »
C’est fou la vie parfois. Parce que son pied vrillait un tout petit peu, par une journée tout à fait banale et anodine, les parents apprennent que leur fille n’a plus que quelques mois à vivre. Ce simple constat, dès les premières pages, nous fait prendre conscience que nous sommes poussière et nous retournerons poussière. Que la vie parfois, ça ne se joue à rien. A un pied qui vrille. Et ce, à n’importe quel âge …
Comment critiquer – négativement – un tel livre ? L’auteure nous raconte là une des choses les plus dures dans sa vie : perdre son enfant. Mais aussi tous les moments de bonheur que ce petit être aura pu lui apporter mais aussi dans la vie de ceux qui se sont approchées d’elle. Un être si petit mais qui avait une place inestimable dans le cœur de bon nombre de personnes.
En même temps, l’auteure accouche d’une seconde petite fille, Azilys. La même maladie lui est diagnostiquée, mais prise à temps, elle parvient à être guérie. Enfin, plus ou moins.
Quoi qu’il en soit, ce livre pue l’amour. Il pue l’amour à son état le plus pur, sans imperfection. On souffre avec cette famille, qui, malgré les épreuves – et pas des moindres – reste unie et forte. Sur l’entourage et le rôle que les proches peuvent avoir dans les pires moments de notre vie. Sur les petits moments de bonheur que cette famille arrive à trouver, fait de petits tout et rien. C’est ensemble qu’ils ont surmonté tout cela, et on ne peut rester qu’admiratif devant la force dont ils ont su faire preuve, en toutes circonstances.
Une fois le livre refermé, c’est une petite claque que l’on a pris. Et, alors, on regarde sa propre vie et on se dit : « ouais, en fait, je suis plutôt chanceux ». Anne-Dauphine Julliand a laissé son cœur parler et dicter ses mains pour écrire. Et c’est comme cela qu’elle a réussi à émouvoir, atteindre et toucher autant de personnes. En racontant sa tragique histoire avec son cœur et tout son amour pour sa défunte fille.