Avec un sourire chaleureusement glacial, les équipes de Matagot nous ont replongés dans le grand froid. De retour à l’Outpost 31 ? Non. Dans un nouveau futur apocalyptico-polaire ? Non plus. Plutôt dans le Nord de l’Amérique et au cœur d’une période glaciaire. Sortez vos peaux de bête, ça pique un peu là-dehors…
Endless Winter est issu d’une campagne de financement participatif couronnée de succès. Attirés par la promesse d’un jeu alliant différentes mécaniques dont la pose d’ouvriers et le deck-building mais aussi l’œil flatté par le superbe matériel proposé et par l’inimitable patte artistique de The Mico, les joueurs l’ont soutenu en masse. Disons-le sans ambages, ils ont bien fait ! Désormais, le jeu dispose d’une version boutique et c’est grâce à celle-là que nous avons conduit notre tribu sur le chemin (enneigé) de la grandeur…
Du deck-building, de la pose d’ouvriers, … ils savent tout faire ces paléo-américains !
Dans Endless Winter, chaque joueur va incarner un chef de tribu qui va conduire ses ouailles sur plusieurs générations. Le but : engranger le maximum de points de victoire. Ça, ce n’est pas très original mais ce qui l’est beaucoup plus, c’est la façon d’y parvenir.
En effet, Endless Winter se veut un subtil (et réussi) mélange des genres. Il imbrique diverses mécaniques, au premier rang desquelles, nous l’avons dit, le deck-building et le placement d’ouvriers. Mais ce n’est évidemment pas tout. Car jouer des cartes et envoyer certains membres de votre tribu sur le plateau central va surtout vous permettre de réaliser de nombreuses autres actions (pour beaucoup génératrices de bonus). Vous pourrez ainsi chasser, établir des campements puis des villages, faire preuve d’honneur, effectuer des offrandes, bâtir des mégalithes et collecter des pierres sacrées. Oui, ça fait beaucoup mais pas de panique, les choix sont beaucoup plus compliqués à faire qu’à comprendre.
Ce dernier point est d’ailleurs un des indéniables atouts d’Endless Winter. Le jeu est riche en actions mais sans l’être trop et surtout, il demeure accessible. Ses règles seront ainsi relativement vite assimilées même si le jeu conservera toute sa délicieuse complexité. Devez-vous sacrifier quelques animaux chassés pour en tirer des ressources ou plutôt les conserver pour leur valeur de collection en fin de partie ? Serait-il plus judicieux d’utiliser la force de travail de votre éclaireur pour aider à la migration de la tribu ou de lui permettre de déplacer un campement à lui seul lors de la phase d’éclipse ? Et qu’est-ce qui pourrait sensiblement vous rapporter le plus de points, évoluer sur la piste d’offrande ou sur celle d’honneur ? Voilà quelques choix (parmi de nombreux autres) qu’il vous faudra faire judicieusement si vous voulez que votre tribu laisse une empreinte dans l’histoire (et pas simplement une empreinte dans la neige qui s’effacera à la prochaine tombée.)
C’est beau comme une aurore boréale (ou comme un paresseux laineux, chacun ses goûts)
Endless Winter dispose donc d’une mécanique originale et efficace, de celles qui se trouvent sublimées lorsqu’elles sont, comme c’est le cas ici, enrobées d’une belle couche d’esthétisme. Il faut en effet souligner le souci du détail qui a animé la création du jeu et le choix du matériel. Ce dernier est d’excellente facture en plus d’être pléthorique. De la boîte aux rangements en passant par les figurines de chefs, par les meeples tribu ou par les différents plateaux de jeu, tout est absolument irréprochable. Et ce, sans compter les superbes illustrations de The Mico qui collent parfaitement au thème du jeu.
Endless Winter fait donc partie de ces rares jeux qu’il est un plaisir d’installer et même (si, si) de ranger !
Vous en voulez plus ?
Comme il est issu d’un Kickstarter, Endless Winter dispose de plusieurs extensions qui ont pour l’heure été réservées aux backers mais que nous avons bon espoir de voir un jour éditées par Matagot. Parmi celles-ci, des peintures rupestres qui vous feront débloquer de puissants bonus, une boîte Ancêtre qui ajoutera une grande variété à vos parties et l’apparition de rivières et de radeaux pour jouer, notamment, avec de nouvelles tuiles et avec des lieux de départ uniques.
Cela dit, qu’on se comprenne bien, Endless Winter est déjà riche et complet tel qu’il est. Bien sûr, l’ajout futur de ces extensions pourra constituer un atout pour une plus grande variété dans le jeu mais rassurez-vous, en les attendant, la boîte de base n’est pas prête de vous lasser.
En conclusion
Nous avons beaucoup apprécié Endless Winter. Déjà pour son thème et pour son matériel mais aussi (et surtout) parce qu’il n’est justement pas qu’un jeu ayant tout misé sur sa production exceptionnelle. Derrière le matériel aussi soigné que somptueux se cache en effet un jeu riche, fluide et doté d’une superbe profondeur.
Endless Winter, un jeu de Stan Kordonskyi, illustré par The Mico et édité par Fantasia Games pour la version originale et par Matagot pour la version française.
Nombre de joueurs : 1 à 4
Âge : dès 12 ans
Durée moyenne d’une partie : 90 à 120 minutes