Quoi de pire pour une mère de constater que son enfant a disparu ? Que ce n’est pas une simple fugue ou échappée belle, car à trois ans une fugue est peu probable, mais qu’il a bel et bien été enlevé ? Voilà ce à quoi est confrontée Katrin. Alors que les jours précédant l’enlèvement, elle trouvait sa vie trop stressante, elle va vite découvrir qu’il y a toujours pire.
Nouvellement installée à Munster, sa ville natale, elle n’a pas cherché à renouer de contacts avec ses amis d’enfance. Pas le temps : gérer toute seule le déménagement, son petit Leo, son nouveau job et son mari qui ressemble plus à un courant d’air qu’autre chose. Et puis le courant était bien passé avec Tanja, la maman de Ben, le nouveau copain de Leo… Si l’enlèvement en lui-même ne laisse aucun doute, les circonstances de cet enlèvement sont particulières, juste après le décès soudain du père de Katrin. Elles intriguent Charlotte et Peter, le tandem d’inspecteurs de la police criminelle de Munster mis sur l’affaire. Leur enquête va déterrer de bien vilaines choses et la descente aux enfers de Katrin ne fait que commencer. Un père au passé trouble, loin de l’image du médecin intègre qu’elle s’en faisait. Un mari apparemment infidèle alors qu’elle lui accordait toute sa confiance, etc, etc. Mais retrouver son fils restera un moteur suffisamment puissant pour maintenir debout cette courageuse jeune mère, malgré un sentiment de culpabilité tenace.
Ce n’est pas un portrait de femme forte que nous dresse Christine Drews, mais de deux car Charlotte l’inspecteur fait partie intégrante de l’ossature de son intrigue. Un passé douloureux qu’elle tente d’enfouir même s’il retentit sur sa vie privée, mais aussi sur son enquête d’aujourd’hui. Les flashback sont de plus en plus fréquents et portent préjudices à son boulot. Ce parallèle entre deux jeunes femmes au passé diamétralement opposé est intéressant, et leurs portraits psychologiques sont très bien dressés.
Même si ce roman n’est pas un thriller à proprement parler, c’est un roman au suspense rondement mené. L’angoisse de Katrin nous contamine dès la constatation de l’enlèvement et nous tiendra quasiment jusqu’au bout. Mon bémol sera justement sur le « quasiment » car le soufflé retombera bien avant la fin.
Cependant pour un premier roman, je tire mon chapeau pour l’abord psychologique des deux autres personnages principaux. J’ai fait corps avec elles et eu plus d’une fois les poils qui se hérissaient. Les pages défilaient et je n’ai fait qu’une bouchée de cet Ennemie intime. C’est un roman qui a bien sa place dans la collection Spécial Suspense d’Albin Michel.