Après de longues études de grammaire latine, Simon Liberati devient journaliste pour les magazines FHM et Gala. Il vit de cela plusieurs années avant de pleinement se consacrer à l’écriture de romans.
Il envoie son premier manuscrit, Anthologie des apparitions, à Flammarion, en 2004, et est aussitôt repéré par Frédéric Beigbeder (le directeur de publication de l’époque) qui le définit comme étant le nouveau talent littéraire à suivre de près. Beigbeder qui, la même année, participe à l’émission Tout le monde en parle d’Ardisson, avoue même être incapable de parler du roman de Liberati sans en avoir les larmes aux yeux. Cela montre à quel point son éditeur croit en lui.
Ce livre traite de l’adolescence et rappelle L’attrape cœur de Salinger. Suivront ensuite d’autres romans plus ou moins remarqués tels que Nada Exist, L’hyper Justine, ou plus récemment, Eva, que la presse française salue de manière unanime. Nous y reviendront.
Pour Simon Liberati, l’année 2013 est marquée par sa rencontre avec Eva Ionesco, modèle connue pour avoir posé nue et dans de nombreuses positions érotiques vers la fin des années 70 alors qu’elle n’a que quatre ans. Tenez-vous bien, la photographe n’est autre que sa propre mère, Irina Ionesco, et bien-entendu le public ne le verra pas d’un bon œil, ce qui aura pour récompense de provoquer un scandale nettement mérité. Eva n’a d’ailleurs que onze ans sur la photo qui servira de couverture au livre de Liberati, publié chez Stock près de quarante ans plus tard. Le livre s’intitule Eva et on lui colle immédiatement l’étiquette de « phénomène » de rentrée. Liberati est maintenant un habitué des évènements littéraires. Le livre, cependant, a bien failli ne jamais voir le jour. En effet, à l’aube de sa sortie officielle, la belle-mère du romancier, qu’il rebaptise caustiquement Dracula dans un journal télé, a fait intervenir la justice.
Bon, Liberati nous compose une folle histoire d‘amour empreinte de poésie, de violence, et d’une élégance à couper le souffle sur fond de sujet sensible, parfois brûlant, allant jusqu’à rappeler par quelques aspects la Lolita d’un certain Nabokov. C’est le récit d’un amour fusionnel entre un écrivain solitaire, campagnard et alcoolique, et une cinéaste au passé fascinant. Néanmoins nous comprendrons pourquoi Irina Ionesco, la mère, la belle-mère, miss Dracula, a souhaité ne pas voir s’introduire dans le rayon des libraires ce livre confession qui aura pour qualité de parachever sa réputation. Car oui, s’il est incontestable qu’Eva est le roman de l’amour fou de Liberati, c’est sans conteste qu’il est aussi celui de la vérité, celui qui étalera sous toutes les coutures, les nuisances d’une mère déterminée, abusive, et qui aura, sans gêne aucune, jeté en pâture le corps pré-pubère d’une fille qui, en plus d’être la sienne, était sans défense.
Bref, Liberati a écrit son chef-d’œuvre, et les prix ne devraient pas tarder à tomber. Ou alors, je n’y comprends rien.