Lucien Jerphagnon, philosophe reconnu parmi les plus grands de notre siècle, disciple de Jankélévitch, a disparu le 16 septembre 2011. Il n’est pas tant question de son œuvre, magistrale, que de ce que fut l’homme, l’ami, l’époux. Thérèse, sa défunte, nous livre à travers ces lettres posthumes un hommage poignant de l’être qu’elle a chéri pendant près de cinquante ans … A leur lecture, on y découvre un couple à la fois fusionnel, qui grandit, s’élève l’un et l’autre dans le respect, dans une recherche perpétuelle d’assouvir leurs connaissances, de s’ouvrir au monde, de le comprendre. Ces quelques lettres écrites par Thérèse respirent l’amour, l’admiration pour cet érudit discret et grandiose, sage et empreint d’une jeunesse immuable, mais pas seulement.
Il est parti, elle est restée et le vide, l’absence ont pris toute la place. L’absence s’est logée dans les moindres espaces, dans la moindre fraction de temps ou note de musique. Le monde est Lucien ou le monde n’est pas. Le temps est devenu son pire ennemi. Elle attend son heure, celle qui lui permettra, peut-être, de le retrouver ou tout du moins de ne plus être. Soulagement.
Inutile de combattre son « crabe », ce cancer qui a frappé Lucien et qui, aujourd’hui, la dévore insidieusement de l’intérieur. Elle aurait aimé partir avec lui, auprès de lui. Elle n’en a pas eu la force et se voit infliger l’éternel recommencement des choses, des saisons qui ressuscitent après avoir été foudroyées alors qu’elle, elle demeure, vide, amputée.
Thérèse Jerphagnon nous livre ici sa plus belle histoire d’amour, l’unique, son Evidence.
Merci Madame pour ces mots et votre vérité, si poignante.