Il y a quelques années, nous vous présentions Négociateur : prise d’otages, un jeu solo qui nous avait fait transpirer des lunettes de soleil. Et si nous nous permettons d’excaver cet article pour vous le remettre en mémoire, c’est parce que l’homme derrière le jeu a récidivé. Toujours dans la gamme solo mais en ayant sacrément poussé le curseur du gore, il nous invite désormais à incarner une final girl. Présentation d’un jeu proposé chez un éditeur qui pour le coup ne porte pas bien son nom : Don’t Panic Games (ben oui, vous avez déjà essayé de ne pas paniquer quand Hans le Boucher est à vos fesses ?).
Question : En regardant un film d’horreur, vous êtes-vous déjà frappé le front et avez-vous déjà poussé de longs soupirs d’exaspération devant le comportement incompréhensible – voire complètement idiot – de la Final Girl ?
Oui ? Et vous êtes-vous déjà dit que dans une situation similaire, vos chances de survie seraient bien meilleures que celles de cette ingénue en sursis ? Toujours oui ? Eh bien, c’est ce que nous allons voir car cette fois, c’est bel et bien vous que Hans le Boucher rêve de pendre à son crochet…
L’atout de notre camp de vacances : un tueur psychopathe en liberté…
Final Girl est donc un jeu solo dans lequel vous incarnez une survivante. Votre but : tuer le psychopathe qui vous traque avant qu’il ne vous découpe en rondelles. Pour jouer, vous aurez bien sûr besoin de la boîte de base (c’est celle qui contient tout le matériel commun comme les marqueurs de santé, les cartes action, les dés, etc.) mais il vous faudra l’adjoindre à une boîte Long Métrage. C’est dans cette dernière que vous trouverez le lieu de votre film d’horreur, le tueur auquel vous devrez faire face, les survivantes que vous pourrez incarner et bien d‘autres choses encore. Pour l’instant, seul le premier long-métrage, la Colo de l’Horreur, est disponible et il existe justement un pack de démarrage comprenant à la fois la boîte de base et ce premier volet. C’est ce dernier qu’il nous a été donné de tester…
Parfois dans la peau (écorchée) de Laurie et parfois dans celle (à vif) de Reiko, nous avons donc arpenté les jolis sentiers du Camp Happy Trails. Là, nous avons fouillé les bungalows (coucou le piège à ours), convaincu quelques victimes de prendre la fuite et (souvent) succombé aux puissants coups de masse assénés par Hans le Boucher. Pour aborder la mécanique de façon plus concrète, lors de chaque tour, vous utiliserez votre capital temps pour effectuer des actions (se déplacer, fouiller, établir un plan, porter une attaque à Hans, etc.). Le hic, la réussite de ces actions est dépendante des succès que vous glanerez lors de vos lancers de dés et si parfois la chance vous sourira (mention spéciale à l’arc-à-flèche abandonné sur le ponton du lac), parfois c’est plutôt Hans et non la chance qui sourira…
En effet, comme dans tout bon film d’horreur, vos actions seront parasitées par votre niveau de terreur et plus celui-ci sera élevé moins vous aurez de dés à lancer (et donc de chance de succès). En plus, chacune de vos phases d’action sera suivie par une phase tueur lors de laquelle celui-ci sera susceptible de se déplacer et d’attaquer tout ce qui bouge. Et tout ça sans compter sur son inextinguible soif de sang qui le rendra toujours plus fort, toujours plus rapide et toujours plus frénétiquement meurtrier…
Slasher time !
Tout l’enjeu de Final Girl était de réussir à retranscrire la tension si particulière des films d’horreur et disons-le sans détour, c’est pleinement réussi. Bien sûr grâce à son aspect visuel très dans le thème mais aussi (et peut-être surtout) parce que tous les délicieux poncifs du cinéma d’horreur ont été invités à s’intégrer dans le jeu. Le jeu du chat et de la souris, l’arrivée inopinée d’événements extérieurs qui vont venir bousculer vos stratégies, les scènes de boucherie sanguinolentes, la frénésie meurtrière du psychopathe, le face-à-face final et bien sûr le decorum qui se prête parfaitement à un jeu de ce type.
Et pour ne rien gâcher, les mécaniques du jeu sont à la hauteur de la tension constante qui s’en dégage. Sans être simplistes, elles sont facilement assimilables et permettent au joueur de se lancer dans une partie sans devoir retourner de nombreuses fois vérifier tel ou tel point de règles. Le jeu s’en trouve dynamisé et les tours s’enchainent, ajoutant toujours plus de pression sur les épaules frêles mais courageuses de notre héroïne.
Souviens-toi d’Halloween dernier et de ta psychose devant la tronçonneuse qui a des yeux…
Nous l’avons dit, le camp de vacances du premier long-métrage se prêtait à merveille à une première incursion dans ce « slasher dont vous êtes le héros » (ou plutôt la victime). Mais ce qu’il y a de bien avec les films d’horreur, c’est que leur univers est aussi large que varié. Cela donnera les coudées franches aux créateurs et aux éditeurs pour nous offrir toujours plus de survivantes badass, de lieux macabres, de vilains démoniaques et de scénarios à la fois gore et terrifiants.
D’ailleurs, les deux prochains long-métrages sont prévus en français pour dans quelques semaines. Ils emmèneront nos final girls dans un manoir hanté puis dans un bosquet sacré (mais sanglant). Là, elles se mesureront à un esprit malveillant et à un dieu vengeur. Par la suite, il vous faudra franchir les portes d’une sinistre fête foraine et affronter les cauchemars qui prennent vie sur Maple Lane. Aussi tentant qu’effrayant, non ?
Et le petit gros plus : les vilains comme les lieux sont interchangeables. Par conséquent, si vous disposez de plusieurs boîtes, il sera par exemple possible de faire de Hans le Boucher le massacreur de la fête foraine ou de reprendre les clefs du manoir hanté dans la poche du poltergeist pour mieux les confier au marionnettiste diabolique…
Mais on vous laisse, on entend une victime potentielle sangloter et manque de chance, il s’agit de notre idiot de petit-ami. A en croire le bruit sourd de la masse qui rebondit sur les planches humides du ponton, Hans a dû l’entendre lui-aussi. Bon, on tente de le sauver ou on le sacrifie pour nous laisser le temps de mieux fouiller la cabane à outils ?
Final Girl, un jeu de A. J. Porfirio et Evan Derrick, édité par Van Ryder Games en version originale et par Don’t Panic Games en français.
Nombre de joueurs : 1
Âge : dès 14 ans
Durée moyenne d’une partie : 20 à 60 minutes