Fini pour Daniel Radcliffe de jouer à l’étudiant magicien, dorénavant il veut s’affranchir de ce rôle qui lui a tant collé à la peau. Maintenant il veut du dur, des rôles qui cognent. Avec Horns, il prouve qu’effectivement il peut être bon dans un registre plus sombre.
Horns c’est l’adaptation d’un bouquin de Joe Hill. Le nom ne vous dit peut être rien et pourtant Hill c’est le fils de King. Stephen King. Le célèbre romancier américain maître du suspense et de l’horreur. Et apparemment il n’y a pas que le père qui est bon, en témoigne ce très bon livre de Joe Hill: Horns publié sous le nom Cornes en France. Alors quand on apprend que ce fameux roman sera adapté au cinéma, évidemment la crainte est présente. Il n’y a qu’à regarder les romans du King transposés au cinéma. Presque à chaque fois c’est un échec car il est difficile d’adapter à l’écran un univers aussi fort et noir à la fois. Sachant donc que le fils a le même style que le père à savoir une écriture tournée vers le fantastique avec toujours un concept fort et une critique de la société, on ne peut qu’avoir peur de cette adaptation. Mais au final, ce n’est pas si mal, c’est même assez bon pour une première adaptation.
Pour adapter Horns, on retrouve derrière la caméra le frenchie Alexandre Aja surtout connu pour ses remakes de films d’horreur comme La colline a des yeux ou Piranha 3D. Qu’on aime ou non il faut avouer qu’il a un certain style dans l’horreur, pour un tel film c’est plutôt une valeur sûre. Horns, reprend donc à la lettre l’histoire du livre. Daniel Radcliffe y incarne Iggy Perrish, un jeune homme accusé d’avoir assassinée sa petite amie (Juno Temple, magnifique en rousse) et qui se retrouve avec toute la population de la ville à dos. Qu’il soit maudit s’il l’a tuée ! C’est ainsi qu’il se réveille un matin avec une paire de cornes et qui lui permet de faire avouer aux gens leurs pires crimes. Au départ ces cornes sont une malédiction mais très vite on comprend qu’elles vont l’aider à retrouver le meurtrier de sa compagne.
L’idée est intéressante. Radcliffe se révèle être un très bon choix, jouant ainsi avec son image de jeune homme modèle pour finalement dévoiler une rage enfuie au fond de lui. Il est diabolique. Alexandre Aja arrive donc à transposer le roman en créant une ambiance, une sorte de mélange entre la comédie romantique et le fantastique horrifique. La première partie du film est la meilleure, s’amusant du concept des cornes pour créer des scènes terriblement sadiques mais tellement amusantes. Ainsi, les mauvaises personnes face aux cornes vont se retrouver obligées de dévoiler leur pire pensée. On découvre alors une barmaid nympho, une mère de famille qui rêve d’abandonner sa fille pour aller se faire sauter par son prof de golf, ou encore des flics aux pensées quelque peu homosexuelles. Ces séquences sont jouissives, Radcliffe devient machiavélique dans ce rôle du diable capable de révéler les pires pensées. Dommage que le film se perde par la suite dans des flashbacks beaucoup trop longs essayant de rendre hommage à Stand by Me de Rob Reiner, et dans une fin interminable beaucoup trop fantasque.
Plusieurs défauts plombent donc Horns qui ne sait pas vraiment dans quel genre se situer. Il aurait pu être encore plus rude, sombre, et exploité bien mieux cet humour noir. Mais cela reste un film agréable, surtout grâce à sa première partie, où Alexandre Aja arrive à créer un climat où se mêle fantastique et réalisme, le tout avec un fond de conte fantastique où le monstre se révèle être un ange déchu. On retrouve les thèmes du roman, le mal, la religion, l’alcool, mais de manière beaucoup moins poussée. Une chose est sûre, ce film met en évidence l’idée géniale de Joe Hill et nous prouve qu’il est bien sur les traces de son père.