Bonjour Samantha, le troisième et dernier tome de Souvenirs perdus est enfin accessible en librairie, pouvez-vous nous en dire davantage sur cette trilogie ?
Souvenirs Perdus est une trilogie de Fantasy jeunesse. Dans cet univers, il existe une île nommée Enfenia. Depuis des siècles, nul ne peut y entrer. Nul ne peut en sortir. Un Léviathan tourne autour, il est autant le gardien des habitants que leur geôlier. La légende veut qu’un jour, quand les Enfenians seront prêts, la créature se retirera et les laissera découvrir le monde. Alors que l’île célèbre une fois de plus le rituel visant à accomplir la prophétie, une femme est retrouvée inconsciente sur la plage. Une femme au visage inconnu. Une étrangère. Cet événement bouleverse la vie des Enfenians, ébranlant leurs plus profondes convictions. Elle est la preuve qu’il existe bien une autre civilisation à l’Extérieur, la preuve que l’on peut tromper la vigilance du Léviathan.
Vous avez 26 ans et déjà plus de 13 ouvrages à votre actif dans des genres très différents (romans, contes…), où puisez-vous donc votre inspiration ?
Écrire, c’est raconter des histoires. Ce besoin de fiction remonte à mes premières années. C’était le plaisir du jeu, le moment où, en tant qu’enfant, je pouvais prendre le contrôle des événements, tordre la réalité. En grandissant, on sent les regards se poser sur soi et on s’en préoccupe soudain. J’ai alors cessé de raconter les histoires à voix haute, pour les faire vivre par écrit, en silence. Ensuite, j’ai eu l’intuition de plus en plus intense que c’était ce que je devais faire. Quant à l’inspiration, elle provient de sources variées, à vrai dire. Je crois qu’écrire, c’est avoir en permanence des antennes sur le monde, de récolter et de mélanger ensuite un certain nombre d’informations, de sentiments, d’observations, de réflexions. Un roman peut germer d’une image, d’une lecture, d’une scène vue, de la collision d’éléments qui viennent se mélanger dans le creuset de mon imagination.
Votre écriture a-t-elle évolué au fil des années ?
Oui, et heureusement ! Je ne sais pas si c’est une évolution linéaire, mais en tout cas j’ai la sensation que chaque roman est l’expérimentation d’une nouvelle zone, tout en tissant certaines boucles avec des thématiques obsédantes, qui reviennent comme des motifs.
Quelle est votre journée type d’auteur ?
J’ai modelé l’organisation qui me correspond : j’écris une partie de la semaine chez moi, l’autre dans des cafés. J’ai un objectif cette année, c’est d’écrire dans le plus de lieux différents possibles, de préférence des endroits qui peuvent m’inspirer, conseillés par des amis ou au hasard d’une promenade.
Ensuite, j’essaie d’écrire 5000 signes par jour – ce qui fait environ deux pages. C’est un rythme plus difficile à tenir durant les périodes de salons, mais les journées « avec » compensent les journées « sans ». À côté de cela, il y a les rendez-vous, l’organisation des déplacements, l’administratif, etc, qui prennent une certaine place dans le quotidien !
Vous avez fait choix dans votre livre Les stagiaires de commencer chaque début de chapitre par une ouverture musicale, la musique est-elle pour vous une source d’inspiration ?
J’avais envie d’accompagner Les Stagiaires avec des extraits de chansons plutôt modernes et qui font partie de la culture de la « Génération Y », afin de donner une coloration à chaque chapitre, de leur donner une tonalité. C’est aussi le quotidien du lecteur comme celui des personnages du livre, qui écoute de la musique dans les transports en commun ou autre en allant au boulot. De plus, chaque extrait de paroles entre bien sûr en résonance avec la situation que vivent les personnages. Mais oui, certaines musiques m’inspirent beaucoup, aident à retranscrire une atmosphère, à se concentrer.
Si vous deviez être l’un de vos personnages de romans, lequel seriez –vous et pourquoi ?
Difficile de choisir ! J’ai tendance à penser que les personnages sont des morcellements de la personnalité d’un auteur, une sorte de gigantesque puzzle. Mais spontanément, je dirais Alice, de Ce qui nous lie, non pas pour sa froideur et son cynisme, mais pour sa lecture du monde.
Y a-t-il des projets pour le cinéma ou la télévision autour de l’un de vos ouvrages?
Il y a quelque chose sur le feu à ce sujet, mais je ne peux pas en parler tant que rien n’est signé ! Patience et croisons les doigts.
Quel est le livre qui vous a donné envie d`écrire ?
De même, il est ardu de limiter à un seul ouvrage. De nombreuses œuvres furent un bouleversement, comme À la croisée des mondes de Philip Pullman, Kafka sur le rivage de Murakami, Le portrait de Dorian Gray d’Oscar Wilde ou encore L’assassin royal de Robin Hobb.
Quels conseils pouvez-vous donner aux personnes qui aimeraient devenir écrivain ?
Trois P : Patience, Passion et Persévérance.
Quel est votre dernier coup de cœur littéraire ?
Femmes qui courent avec les loups, de Clarissa Pinkola Estès, une analyse à la fois sociologique, psychanalytique et littéraire de nombreux contes, visant à mettre au jour la psyché féminine.
Vous animez des ateliers d’écriture pour les adolescents, pouvez-vous nous en dire davantage ?
En effet, j’anime des ateliers d’écriture à Paris, mais qui ne sont d’ailleurs pas limités aux adolescents ! Cela se déroule le mercredi soir, 2h par semaine, avec un groupe d’inscrits de tous horizons. L’idée est pour ces personnes de s’octroyer une tranche horaire par semaine où ils se donnent le temps pour écrire. Les ateliers s’articulent autour d’une partie théorique, où nous abordons des thématiques (courants littéraires, structure du récit, points de vue, etc), puis d’une partie pratique, où chacun écrit et lit ses textes. Il y a une atmosphère très bienveillante, et une belle dynamique de groupe s’est créée.
Quels sont vos projets pour l’année à venir ?
Je travaille sur deux grands projets passionnants, mais dont je ne peux hélas pas encore parler… Mais cela se passe du côté du scénario, dans les domaines de l’audiovisuel et du manga. Autrement, j’écris actuellement un diptyque jeunesse nommé Nos âmes jumelles, chez Rageot. L’histoire de l’amitié de deux lycéennes aux personnalités et aux familles opposées, qui se rencontrent sur un forum de discussion autour de la création. L’une est passionnée d’écriture, l’autre de dessin. Nous suivons leurs années de lycée en sachant que dix ans plus tard, toutes deux auront réalisé leurs aspirations artistiques. Mais au moment de la narration, les personnages sont dans les questions de la vocation, des différents modèles familiaux, des relations parfois difficiles au lycée, d’Internet comme moyen de rencontrer des alter ego.
À part ça, 2015 verra les parutions suivantes :
– Souvenirs Perdus, Tome 3, Pluie, Éditions Syros – Janvier
– Nos âmes jumelles, Tome 1, Editions Rageot – Mai
– Les Stagiaires édition poche, Éditions Milady – Mai
Comment peut-on vous joindre ?
Je dispose d’un site internet dont l’adresse est ici !
Mais également d’une page Facebook et d’un compte Twitter !
Une partie des ouvrages de Samantha Bailly sont disponibles aux éditions Milady.