La narratrice aurait pu être le Petit Prince : les moutons, c’est sa passion.
Elle part en chercher un en Corse et l’impose à la copropriété de son hôtel particulier situé place des Vosges, à PARIS !! Elle souhaite couler des jours heureux auprès de son animal chéri. Oui, mais voilà !! Un mouton, ça bêle, ça tond la pelouse, ça laisse des traces partout et en appartement ça devient fou. Sans omettre les odeurs et autres désagréments que la bande de bourgeois pas du tout bohèmes n’est pas près de supporter. Et quand la narratrice décide de faire circoncire le jeune ovin, car elle-même est juive, la guerre qui menaçait est déclarée. A suivre une cascade d’aventures drôles et de comparaisons osées entre le judaïsme et la corsitude. Car c’est en Corse que se réfugie la propriétaire de Toi – c’est le nom poétique du mouton – avant de tomber dans les bras d’Ange.
Catherine Siguret s’est amusée à narrer les aventures improbables d’un Suffolk blanc à tête noire lâché sous les ors de la place des Vosges : sa description des voisins de l’Inconnu charmant de la place, d’un jeune con nommé Wanda, d’Adrien l’ado accro au shit ou d’Éric Jouffa, marié à un sosie de Fanny Ardant, vaut son pesant de fromage de brebis. Et en parfaite connaisseuse de l’île de Beauté, elle livre en quelques pages bien troussées le mode d’emploi des Corses : porcineries diverses, usage immodéré de la liqueur de myrte, captation des voyelles, silence éloquent, côté franc du collier compris.
Bref, on trouve à boire et à manger dans ce récit loufoque et inclassable qui célèbre l’amour pour un animal autant que les plaisirs plus charnels, la beauté des camaïeux de la mer sur la route des Sanguinaires, tout en bravant interdits et conventions sociales dans un quartier parisien fort huppé pour mieux célébrer le vivre ensemble. Jubilatoire !
Je le recommande vraiment, j’ai passé un excellent moment à lire Catherine Siguret !