Stephen King et moi, c’est une grande histoire. Fan de cet immense écrivain depuis que j’ai 13 ans, je suis au rendez-vous pour chaque sortie d’un nouveau pavé du maître. Le pitch de L’Institut laissait à penser que King allait renouer avec ses grandes thématiques, l’enfance face aux horreurs du monde, l’amitié, un brin de fantastique, et une critique réaliste de l’Amérique. En bref, tout ce qui a fait l’essence de ses plus grandes œuvres rappelant par certains aspects Charlie et Ça pour ne citer qu’eux. Le livre refermé, que vaut réellement ce nouveau cru ?

A l’intérieur, personne ne vous entendra crier

L’intrigue principale suit Luke, enfant de 12 ans surdoué, qui, lorsque ses émotions prennent le dessus, est capable de faire voler les objets autour de lui. Au milieu de la nuit, dans une maison située dans une rue calme de la banlieue de Minneapolis, des intrus assassinent en silence les parents de Luke et le chargent dans un SUV noir. L’opération prend moins de deux minutes. Luke se réveille à l’Institut dans une chambre qui ressemble à la sienne à quelques détails près, sauf qu’il n’y a pas de fenêtres. Et derrière sa porte se trouvent d’autres portes, derrière lesquelles se trouvent d’autres enfants aux talents spéciaux. Tous font l’objet de tests pendant plusieurs semaines avant d’être emportés à la moitié arrière de l’institut. Le jeune homme apprendra très vite que ceux qui sont emmenés à l’Arrière ne reviennent jamais. Très vite, le lecteur se pose diverses questions ; Que signifient ces expériences réalisées sur les enfants ? Qui est à la tête de l’institut et pourquoi ? Que se passe t’il à l’Arrière ? En quelques pages seulement King arrive, une fois encore, à nous prendre dans sa toile et à ne plus nous lâcher jusqu’à la dernière page. Alors on se prend au jeu, piégés comme ces enfants dans cet institut, et nous espérons de toutes nos forces que Luke arrivera à s’enfuir de cet endroit profondément malsain. Dans le même temps, le lecteur craint de tourner la prochaine page de peur de lire ce qu’il pourrait arriver aux protagonistes. Du pur King, à la fois captivant, émouvant, et bien évidemment flippant.

Un récit fort, raconté par un formidable conteur

Formidable conteur dont le talent n’est plus à prouvé, Stephen King arrive une fois encore à nous faire vivre son récit avec beaucoup de force et de justesse. Sa description de l’institut, les liens qui se créent entre les enfants, le réalisme de la situation, tout cela fait que l’on se prend très vite d’empathie pour ce petit groupe. Comme l’auteur l’a prouvé dans sa longue et riche carrière, il n’est jamais aussi bon que lorsqu’il met en scène des enfants et nous parle d’amitié. Difficile d’ailleurs de ne pas penser au Club des Ratés de Ça. L’Institut c’est tout d’abord une histoire autour de l’amitié et de la solidarité dans l’adversité. La confrontation entre l’insouciance, l’espoir de la jeunesse,et la fragilité de l’enfance, face à la cruauté du monde, à ce que l’être humain à de plus vil. Car ici, point de créatures abominables cachées dans des recoins sombres, les monstres sont des femmes et des hommes bien réels. D’ailleurs l’oeuvre de King, dans son ensemble, va bien au-delà des monstres délirants. Les véritables monstres sont ceux qui se cachent dans notre quotidien, l’Homme dans ce qu’il a de plus dépravé. Là est tout le talent de cet auteur. De ce fait, King propose toujours une critique très juste de notre monde, plus particulièrement de l’Amérique et de ses dérives. Ce qui rend L’Institut particulièrement prenant, terrifiant, c’est donc son côté plausible car cette histoire pourrait tout à fait exister dans notre monde. Les romans de King sont toujours marqués d’une grande clairvoyance sur notre société, la réalité rattrapant souvent la fiction, et celui-ci n’échappe pas à la règle.

Le style de King est toujours aussi magistral, qu’il s’agisse d’un roman mineur ou majeur, force est de constater que l’auteur est l’une des grandes plumes de la littérature. L’Institut rejoint la liste de ses romans majeurs. L’auteur nous conte une histoire profondément angoissante teintée de belles émotions et d’une réelle empathie pour ses personnages. Entre résilience et amitié, mêlant les genres et les thèmes, ce nouveau King est tout simplement captivant. Vivement le prochain !

L’Institut de Stephen King est publié aux éditions Albin Michel au prix de 24€90.

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.