Certains livres ne nous permettent pas une simple évasion mais nous donnent l’impression qu’ils ont été écrits pour nous. Nous devenons plus qu’une cible pour l’auteur. Nous avons alors le sentiment qu’il s’agit de notre vie qui est retranscrite sur les pages. C’est ce que j’ai ressenti en tournant les pages de Lithium.
Ce très court roman raconte une semaine de deux jeunes Parisiens – Il et Elle, comme Aurélien Gougaud ne cessera de les nommer tout au long du livre. Lui est fraîchement diplômé et travaille sans envie. Elle vit sans se préoccuper du lendemain, dans un quotidien où fêtes, alcool et, séduction et consommation sont les maîtres mots. Deux âmes vides amenées à se croiser.
Le fait de ne pas nommer les deux personnages du roman donne énormément de poigne au roman. Cela prouve que nos deux protagonistes ne sont que deux individus classiques, produits de consommation d’une société mal en point et issus de la génération Y. En bref, un portrait dans lequel je me retrouve totalement, moi-même étant membre de cette génération.
Si, au final, les traits de nos personnages peuvent s’avérer proches du cliché, ils ont eu un écho particulier en moi puisque relativement réalistes. Il suffit de prendre suffisamment de recul sur soi-même ou sa vie pour s’en rendre compte et vous vous reconnaîtrez forcément un minimum dans ce livre (si, bien évidemment, vous êtes membre de la génération Y).
Si le livre a su tant m’atteindre, l’écriture n’y est pas anodine. Aurélien Gougaud a su trouver les mots justes, les mots qui piquent. Pour cela, certes il y a un talent indéniable, mais il y surtout du vécu. L’auteur appartient également à cette fameuse génération Y. Rien de tel pour en dresser une critique mordante : critique des réseaux sociaux omni-présents, dénonciation de cette peur de s’engager tout en voulant « profiter ».
Si le bruit est assourdissant dans le roman (le quotidien parisien, les boîtes de nuits), c’est bien le silence et la solitude des deux âmes qui ressortent.