Nous avons eu le plaisir de découvrir en avant-première la version française de Volt, le recueil de nouvelles d’Alan Heathcock, auteur américain de talent. En 2011, la version originale du bouquin a été l’un des ouvrages les plus récompensés aux USA, étant notamment élu meilleur livre par le New York Times et le Chicago Tribune ou faisant partie de la sélection des livres de l’année de GQ. Dire qu’on était curieux de plonger dans l’univers créé par Heathcock relevait donc de l’euphémisme. Et on peut dire qu’on n’a clairement pas été déçu !
Dans son bouquin, Alan Heathcock nous raconte l’histoire de plusieurs personnes ayant toutes un dénominateur commun : le village de Krafton, leur lieu de résidence. Un bled paumé au beau milieu de l’Amérique profonde, théâtre d’événements inavouables, tombeau de secrets qui doivent rester à jamais enfouis. Chaque nouvelle nous conte les aventures d’un nouveau personnage. Du père qui réveille son fils en plein milieu de la nuit afin qu’il l’aide à dissimuler le cadavre d’un homme qu’il vient d’assassiner, au père de famille qui s’enfouit de Krafton après avoir causé la mort de son fils dans un accident, en passant par la shérif du village qui décide de faire justice elle-même pour être certaine qu’un criminel récolte la peine qu’il mérite réellement, chaque histoire apporte son lot d’émotions et d’instants forts. Malgré un nombre de pages assez restreint pour chaque nouvelle (certaines ne durent pas plus d’une cinquantaine de pages), on parvient à s’attacher aux personnages, à ressentir leurs joies – mais surtout leurs peines, à se projeter dans ce lieu figé dans le passé qu’est Krafton.
Alan Heathcock possède un style absolument magnifique. Il ne s’attarde que rarement sur les détails, préférant un style brut et cru qui tape immanquablement dans le mille. Certaines scènes, pleines de violence, sont narrées de façon à la fois calme et brutale. Des mots qui viennent nous frapper, nous choquer parfois, mais qui contribuent à poser une ambiance exceptionnelle. Un exercice de style, véritable apologie d’un réalisme sombre et sans fioritures, d’autant plus remarquable qu’il s’agit là du premier livre écrit – ou du moins, publié – par Heathcock, qui devrait, on l’espère, devenir un auteur important des prochaines années.
Notons simplement que le livre est édité chez Albin Michel, qui prouve une fois encore son talent pour dénicher et publier de magnifiques choses.
- Acheter en ligne : Volt d’Alan Heathcock -23 euros – 320 pages