Synopsis – A la mort de son grand-père, Jacob découvre les indices et l’existence d’un lieu mystérieux, magique : la maison de Miss Peregrine et des enfants particuliers. Mais le mystère et le danger s’amplifient quand il apprend à connaître les résidents, leurs étranges pouvoirs… et leurs puissants ennemis. Finalement, Jacob découvre que seule sa propre « particularité » peut sauver ses nouveaux amis.
Des mois durant, je n’ai eu de cesse de fantasmer sur la réalisation de Miss Peregrine et les enfants particuliers. L’imagination sans borne de Ransom Riggs côtoyant l’esthétique et la mise en scène drôlement lugubre de Tim Burton ne pouvait être qu’époustouflante. Aussi, je commencerai cette critique par un grand merci à Monsieur Riggs pour nous avoir rendu Tim Burton ! Cette histoire fantastique a su insuffler un nouvel élan d’inspiration et de passion, deux qualités dont l’absence faisaient cruellement défaut aux derniers films du réalisateur. Tim Burton renoue enfin avec son genre de prédilection et prouve encore une fois qu’il reste le maître incontesté.
Bien que la mise en scène soit très fidèle à l’ouvrage, Tim Burton glisse par-ci, par-là, des éléments propres à son univers gothique mêlant sa poésie glauque, son regard incisif sur une société engoncée dans sa monotonie, son manque de relief et de saveur, où la différence demeure l’unique porte de sortie, pour ne pas sombrer et s’aliéner. La paternité de l’histoire n’est certes pas la sienne, pourtant le sujet traité a toujours hanté l’esprit de Tim Burton, être marginal et mal accepté dans un monde bien ordinaire. Les inconditionnels de Burton ne manqueront pas de remarquer la ressemblance entre le quartier où vit Jacob (Asa Butterfield) et celui du film Edward aux mains d’argent, également les sculptures feuillées dans le jardin de l’orphelinat qui rappelle sans conteste les sculptures d’Edward.
Miss Peregrine et les enfants particuliers est un film d’anti-héros (ou un anti-film d’héros selon les termes de Tim Burton) où les personnages affublés de particularités souffrent davantage de leur différence car celle-ci devient la base de leurs maux, de leur persécution mais également de leur enfermement dans les boucles temporelles, où inlassablement, jour après jour, chaque chose se reproduit à la seconde près. La magie enchanteresse apportée tant dans le récit que dans le film est incroyablement captivante et attendrissante.
Le casting du film est prestigieux, Eva Green campe parfaitement Miss Peregrine, une Mary Poppins touchante et mystérieuse, protégeant ces enfants de la menace des sépulcreux. Et particulièrement de leur chef Barron incarné par Samuel L Jackson, inquiétant et désopilant à la fois. Première collaboration entre l’acteur et le réalisateur, et on ne peut que saluer l’interprétation de ce véritable caméléon du cinéma. Les jeunes acteurs ne sont pas en reste, particulièrement Asa Butterfield, brillant dans le rôle de Jacob, et Ella Purnell prêtant ses traits à Emma, héroïne au physique typiquement burtonien, de grand yeux, un teint blafard et une chevelure d’une blondeur virginale.
Enfin dernier élément mais non des moindres, l’absence de Danny Elfman qui prive Miss Peregrine et les enfants particuliers d’une bande originale féerique. Un ingrédient manquant et difficilement dissociable des films de Tim Burton.
Si vous pensiez que l’industrie cinématographique d’Hollywood avait eu raison de Tim Burton, je clame haut et fort que ce n’est pas le cas. Le génialissime réalisateur n’a rien perdu de sa superbe et de sa singularité, il nous le prouve une nouvelle fois.