Et S Petit Nico devint grand. Après des collaborations avec Grand Corps Malade et Kery James ainsi deux albums remarqués, nous retrouvons Nicolas Séguy dans Equilibre Instable, un album bien senti, manipulant avec une grande aisance les styles dans un mélange gracieux et éclairé.
Nicolas Séguy, n’en est pas à son coup d’essai. Après avoir été le pianiste de Grand Corps Malade et de Kery James sur leurs tournées, entre 2006 et 2010, l’artiste revient avec un troisième album, plus intimiste et plus proche du public. Cette fois, plus question d’utiliser un pseudonyme : l’artiste tient à s’exprimer sous son vrai nom, nous emmenant dans un voyage à la fois introspectif et contemplatif. Ses expériences au cinéma et au théâtre lui ont permis de retourner aux bases, donc, où le piano se fait confesseur et non plus simple accompagnateur.
Souvent taxé de provenir de l’école classique et de la street music, Nicolas Séguy se défend dans Ma Musique en arguant que « [Sa] musique n’a rien de classique, le deviendra-t-elle un jour ?« . Il semblerait que l’artiste aie réussi à créer son propre style, alliant la douceur envoutante du piano, et la mélodie parfois dure du slam, en y ajoutant une pincée de musique du monde (Ressens).
Pour Nicolas Séguy, l’équilibre instable se joue surtout dans les textes, non pas au niveau de la qualité, mais plutôt au niveau du ton, lorgnant tantôt du côté de l’onirisme (J’cogite, J’gamberge), tantôt du côté de la revendication, voire de l’incompréhension (Terroriste). La réelle force de ses textes, semble t-il, est de s’interroger sur un futur incertain, sur un présent peu glorieux, mais aussi sur un passé que l’on a parfois du mal à comprendre, comme dans la splendide Papi. Ma Musique, écrite avec Gaël Faye, Boogat et Ben Mazué, est l’une des chansons phares de l’album, alliant à la perfection le style et l’écriture de chacun des quatre artistes.