A travers son court roman No et moi, Delphine de Vigan parvient à s’attaquer à des thèmes sensibles, à les dénoncer avec une simplicité touchante.
Lou Bertignac a 14 ans et est une élève surdouée. Elle se retrouve donc en classe avec des adolescents bien plus murs, elle qui arrive à peine dans cette période délicate de la croissance. Lou est bien vite déphasée par rapport à ses camarades de classe, ayant des hobbys particuliers. Puis, sa vie bascule lorsque, pour un devoir pour l’école, elle rencontre No. No, qui est à peine plus âgée que Lou mais qui en a vu plus que certaines personnes en fin de vie. Une histoire d’amitié – voire même d’amour – va lier ces deux jeunes filles pour les marquer.
Dès les premières pages, un premier thème est dénoncé : celui de la précocité intellectuelle. Lou se trouve dans cette situation et on ne peut que constater que le système n’est pas adapté pour elle. Entre souffrance dû à l’incompréhension avec ses camarades de classe et ennui en cours, Delphine de Vigan relève cette faille dans le système éducatif.
Un second thème est bien vite dénoncé par la personne de No : les personnes Sans Domiciles Fixes et la réalité de la rue. A travers ce personnage abîmé par la vie, de Vigan dénonce cette inégalité qui sévit de partout dans le pays. No nous touche, par le fait qu’elle soit livrée à elle-même. Par son humanité franche que l’auteure lui donne. Par cette volonté de s’en sortir seule, malgré les rares mains tendues vers elle. Malgré une entraide méfiante entre personnes de la rue, la dure réalité de ce monde est dépeinte sans fausse sensibilité. Et c’est pour ça que l’on est touchés, à tel point, par l’histoire qui lie nos deux protagonistes.
Plus qu’une plaidoirie pour une cause, c’est une critique de notre société individualiste qui est faîte dans ce livre, où l’homme ne voit que son intérêt et non le bien d’autrui.
« On est capable d’envoyer des avions supersoniques et des fusées dans l’espace, d’identifier un criminel à partir d’un cheveux ou d’une minuscule particule de peau, de créer une tomate qui reste trois semaines au réfrigérateur sans prendre une ride, de faire tenir dans une puce microscopique des milliards d’informations. On est capable de laisser mourir des gens dans la rue. »