Il y a quelques mois, Outlive a fait une entrée fracassante sur le marché des jeux de société. Très vite plébiscité par la communauté des joueurs, il est devenu un des gros succès de ce début d’année. Est-ce justifié ? Conso-Mag ne pouvait pas ne pas se pencher sur ce nouvel incontournable des ludothèques.
La (belle) histoire d’Outlive commence sur internet puisque son éditeur, « La Boîte de Jeu », a décidé de lancer une campagne de crowdfunding pour le financer. Et avec quel succès ! La forte mobilisation des internautes a vite fait exploser tous les plafonds fixés par l’éditeur. L’engouement était là, il ne restait plus qu’à transformer l’essai. La Boîte de jeu l’a fait avec brio.
Outlive, le Fallout des jeux de société
En 2079, en raison d’une guerre nucléaire qui a laissé la terre exsangue, le monde est un champ de ruines. Quatre clans se sont réfugiés dans des abris souterrains et leur seul espoir de survie repose désormais sur le « Convoi », une organisation qui sillonne la terre à la recherche de survivants suffisamment méritants pour intégrer les cités subaquatiques où l’humanité tente de se reconstruire. Dans six jours, le « Convoi » fera halte dans votre coin désolé mais n’emmènera avec lui que le clan qui aura su faire montre des meilleures capacités. Équipement, nourriture, nombre de survivants, le sort de votre clan est désormais entre vos mains.
Vous l’avez compris, Outlive est avant tout un jeu de survie, de collecte et de gestion de ressources. Pas de zombies affamés, de monstres souterrains ou d’extra-terrestres belliqueux, les éditeurs ont misé sur l’apocalyptico-réalisme et c’est tant mieux !
Comment on joue affronte le monde hostile et comment on gagne survit ?
Dans l’attente du « Convoi », une partie se déroule en six jours (comprenez six tours) eux-mêmes divisés en une phase jour et en une phase nuit.
Durant la phase de jour, quatre membres de votre clan (de force inégale) se déploient sur le plateau de jeu et peuvent visiter différents lieux pour y récupérer des ressources ou pour s’adonner à la chasse afin de nourrir les survivants restés à l’abri. Ils pourront collecter du bois dans la forêt, récupérer des munitions dans la base militaire, faire des réserves d’eau au barrage à moins que vous ne décidiez de les envoyer dans les villes en ruine pour y chercher de l’équipement. Les options sont nombreuses mais prenez garde, les autres clans ont les mêmes objectifs que vous et les ressources ne sont pas inépuisables.
Durant la nuit, tout le monde rentre au bercail et le jeu se déroule au sein de votre abri souterrain. Il vous faudra nourrir vos survivants, gérer la ventilation du sas afin de maintenir l’abri hermétique à la radioactivité ambiante, construire de nouvelles salles et réparer les équipements endommagés.
De surcroit, la vie dans un monde post-apocalyptique n’étant pas toujours rose, il faudra aussi composer avec des événements aussi imprévus que diablement déplaisants. A ce sujet, ne serait-ce pas le bruit de rats grignotant vos précieuses réserves que nous entendons-là ? A moins que ce ne soit celui des nomades occupés à piller les ressources en surface ?
A l’issue des six jours, le « Convoi » arrive et il est alors temps de déterminer quel clan mérite de rejoindre les Cités subaquatiques. Pour ce faire, de nombreux facteurs (nombre de survivants, réhabilitation de l’abri, équipements réparés, etc.) vont entrer en ligne de compte et cette diversité dans la source des points permet à chaque joueur d’espérer remporter la victoire même s’il a adopté une stratégie diamétralement opposée à celle de ses adversaires.
Immersion, le maître-mot est lâché !
Un des atouts majeurs d’Outlive est son côté immersif. En plus d’être superbement illustré, le jeu a été particulièrement bien pensé et bien équilibré. Il regorge de détails qui ajoutent de la consistance à l’ensemble et contribuent à renforcer le réalisme voulu. Posséder dans sa besace un piège à ours ou un capteur thermique fera ainsi de vous un redoutable chasseur alors qu’avec une pioche, vous pourrez extraire plus de minerai dans la mine. Tout est une question de réalisme. Un autre exemple pourrait être les interactions entre les clans. Ne nous voilons pas la face, si nous évoluions réellement dans un monde apocalyptique et que notre survie en dépendait, nous n’hésiterions sans doute pas à racketter un membre plus faible d’un autre clan que nous rencontrerions au détour d’un chemin (si si, avouez-le). Cette (triste) réalité a été prise en compte dans Outlive. Si un membre d’un clan rejoint sur un lieu un adversaire plus faible, il le contraindra à lui « faire don » d’une de ses ressources (à moins évidemment que celui-ci ne possède des munitions pour se défendre face à son agresseur… exactement comme cela se passerait sans doute dans la réalité). Bref, immersion, immersion et encore immersion. Les survivalistes seront conquis.
Vous l’aurez compris, comme d’autres jeux du genre, Outlive s’adresse à un public de joueurs aguerris. On pèse et on soupèse chacune de ses actions. On élabore une stratégie, on en change, bref, on réfléchit beaucoup (mais pas trop). Les règles peuvent sembler, de prime abord, conséquentes et lors de la première partie, quelques aller-retours dans le livret explicatif seront nécessaires. C’est le (faible) prix à payer pour profiter d’un jeu pleinement réussi, clairement incontournable pour les joueurs chevronnés et auquel on prédit un avenir radieux (fait, pourquoi pas, de quelques récompenses çà et là).
Un jeu créé par La Boîte de Jeu et distribué par Blackrock Games
Nombre de joueurs : 2 à 4
Âge : à partir de 14 ans
Durée moyenne d’une partie : environ 25 minutes par joueur