Gord est un peu un ovni sombre et purulent dans l’univers vidéoludique. Développé par des anciens de The Witcher et Frostpunk et édité par Team17, Gord va vous demander une bonne dose de courage et de force pour vous plonger dans la gestion d’une tribu slave ou tout est prétexte à vous décimer votre équipe de galère. Est-ce que ce melting-pot de monstre et de noirceur va vous tenir en haleine ? Nous allons voir ça.
A Gord et à Cri
Immédiatement, nous sommes plongés dans un univers médiéval fantasy, sous fond de marais lugubres et autres horreurs malfaisantes. C’est à mon sens un point fort du jeux, on est de suite happé par le scénario et les personnages. Le pitch est simple, le savant du village veut sauver les siens face à un fléau grandissant, et il nous dirige tout droit vers le sud en espérant de meilleures faveurs, le tout sous la protection d’un roi de quartier au style assez louche.
Dés lors, nous apprenons les rudiments du jeu, à savoir construire notre Gord (notre campement) et à guider nos personnages, à nous débrouiller seuls face à la nuit et à la nature (gloups). Chaque personnage composant votre petite unité possède des savoirs et des compétences qui lui sont propres, comme la construction ou le minage, ce qui permettra d’affilier certaines de vos unités à certaines tâches propres. La tribu de l’Aube que vous allez tenter de faire survivre à la façon d’un jeu de stratégie traditionnel avec son bois, son or, etc. Bien au chaud derrière vos palissades. Les ressources sont variées et il existe une multitude de combinaisons pour construire votre campement de fortune.
N’inspire t’il pas confiance ?
Un simple STR ? Bien plus que ça
Bon ok, tout est en place, l’univers de Gord est poisseux, sombre et torturé, jeux de stratégie classique, mais… en fait non. Gord est bien plus complexe que cela, voire difficile à prendre en main.
Il va falloir pousser dans ses retranchements pour pouvoir aller au fond du jeu où tout n’est que subtilité. Il n’y a pas que des villageois, il se cache derrière cela des qualités, un arbre généalogique entre les personnages, bref, ils ont leur propre identité à gérer et leurs propres psychologies. C’est ici que vient le côté proprement RPG du jeu, avec ses quêtes, ses gains d’expériences au combat, c’est une idée très appréciable qui rend encore plus immersif et addictif le jeu. Vous faites grossir votre cité à la manière d’un Football Manager en allant scruter les statistiques et des détails d’un paysan pour consolider votre avancée dans le jeu. C’est à la fois astucieux, mais cela rend aussi la tâche bougrement plus ardue !
Cette brave Olwen à une santé de fer…pour l’instant
Une fois la campagne commencée et les différents aspects du jeu appréhendés, il falloir charbonner pour réussir ses missions et les quêtes. Malgré plusieurs niveaux de difficultés, le niveau global est assez ardu, surtout pour un novice du genre.
De plus avec la manette, il sera parfois complexe de procéder aux raccourcis et aux commandes de groupe. C’est par exemple bien moins optimisé que ce que pourrait proposer un Age of Empire 2 par exemple.
C’est le village contre l’environnement. Et votre environnement immédiat est mortel, c’est bien simple, chaque sortie de votre Gord est une justification pour mourir, il faudra évidemment bien préparer en amont vos sorties et également être sur le qui-vive pour qui voudrait vous attaquer, et croyez moi il y a pas mal de monstres qui veulent la peau de vos villageois.
Je vous garanti que vous allez devoir faire vite
Et pour couronner le tout (je vous avais dit que le jeu était truffé de subtilités), il va falloir vous battre contre vous-même. Pas au sens propre bien entendu, mais contre votre moral, votre esprit. Mettez-vous à la place de vos villageois qui se retrouvent parachutés dans une forêt qui veut vous ouvrir le ventre toutes les 5 minutes, et où vous ne pouvez jamais dormir sur vos deux oreilles, il y a de quoi devenir fou.
Justement, il va falloir également gérer le moral de vos troupes, faire en sorte qu’elles restent soudées. Dans Gord, plus vous irez profondément dans l’obscurité, et plus les horreurs que vous allez leur faire vivre seront sujettes à affecter leur moral. Sans spoiler d’avantage, il faudra donc gérer les quelques divinités et esprits vertueux qui jonchent cette terre abjecte pour vous aider dans votre tâche de gestion.
L’art de la narration
La narration est omniprésente et est magnifiquement doublée avec des personnages très attachants. Vous aurez donc le loisir d’effectuer l’aventure en solo pour votre plus grand bonheur, dommage, j’aurais bien aimé un mode coop, peut être plus tard ? L’histoire principale tient en une vingtaine d’heures et se faire de manière assez verticale, ce qui est pour moi un plus dans le sens où les joueurs non-familiers de ce type de jeux se verront guidés pour maîtriser les différents tenants et aboutissants du jeu. Je n’ai que peu fait les objectifs secondaires compte tenu de la difficulté générale du jeu, mais c’est ce qui fera le charme pour les plus téméraires d’entre vous.
Pour les plus téméraires, il y aura la possibilité d’effectuer des scenarii personnalisés comme dans tout bon jeu de stratégie qui se respecte, et c’est dans ce mode de jeu que j’ai pris finalement le plus de plaisir. Laisser libre cours aux événements et aux aspects du jeu fait de cette mode une manière quasi illimitée de jouer. Et la rejouabilité, c’est important !
Conclusion
Gord est un jeu sérieux et plutôt novateur dans son approche. Bien aidé par son scénario et son aspect narratif captivant, il séduira les aussi bien les amateurs d’un jeu médiéval-fantasy que les adorateurs des jeux de stratégie complexes. Mené par des développeurs de qualité, le jeu s’en ressent de suite. Côté ombre au tableau selon moi un niveau d’engagement général un peu trop élevé, et une maniabilité manette en main un poil décevant.