Par ces temps de cruauté, je voulais lire l’humanité. Ce roman a été une grosse gifle dès les premières pages. Il est émouvant, on y retrouve la vie, la mort, les regrets, les rancunes et surtout les non-dits. Pourquoi les gens réalisent, tard, l’importance des autres, des siens et des choses ? Et ne pas réfléchir à tout ceci, tant qu’on a le temps ? Pourquoi laisser le silence tuer les sentiments ?
Ce sont les questions qui me reviennent quand Sonia, Katia, Véra et Lisa racontent leur mère. Dans cette Olga douce et cruelle, je retrouve le souvenir de ma grand-mère qui tenait, aussi, sa maisonnée d’une poigne de fer. A l’hôpital, entourant le lit de leur maman (ça me fait penser à la chanson de Charles Aznavour : La Mamma), chacune des sœurs se livre à sa manière, le plus souvent, par les mots qu’on ne dit pas, les gestes vides de sens mais emplis de désarroi.
Et tour à tour, elles écartent le rideau pour nous laisser entrevoir des moments du passé dans l’intimité de la famille. Et que pouvait penser Olga ? Personne ne le saura car la Babouchka a décidé de ne plus voir ni parler. Ses filles essayent de rattraper le temps, de comprendre les gestes d’avant et surtout d’aimer cette maman pas comme les autres.
Ce roman de tendresse et de secrets, je l’ai lu lentement et chaque personnage a laissé sa trace en moi. L’histoire de ces femmes est cruelle aussi. L’écriture est magnifique, avec juste ce qu’il faut de poésie, de lucidité et souvent même, d’humour caustique : un plaisir pour l’âme, si cette dernière n’a pas peur de sa propre vacuité, ou du moins, la reconnaît… Un roman qui pousse à la réflexion sur la vie et la mort !