Elon Musk est aujourd’hui l’un des hommes les plus ambitieux au monde. Après avoir fait fortune en imposant Paypal comme une évidence pour la plupart des utilisateurs d’internet, le riche homme d’affaires voit désormais bien plus grand et ambitionne de révolutionner le monde, de repousser les limites de l’humanité. Son nom circule partout, son visage fait les couvertures de nombreux magazines et, bien évidemment, il est l’objet d’une biographie. Cette dernière débarque aujourd’hui chez nous après s’être imposée comme une référence outre-Atlantique. Que vaut-elle réellement ?
Faire la critique d’une biographe est toujours quelque peu délicat, en fonction du personnage dont il est question, notamment. Il faut savoir distinguer l’attrait que l’on a pour la personne et son histoire, des qualités d’écrivain de l’auteur. Elon Musk est un personnage qui me fascine, un homme riche dont les idées pourraient tout aussi bien l’amener à devenir le héros de l’humanité qu’à sombrer dans la folie, complètement marginalisé.
A la croisée du génie et de la folie
Son histoire est dingue. Sa première réussite, il les doit aux cityguides virtuels Zip2 qui, après avoir été boudé aux prémices d’internet, a su s’imposer et faire de lui un homme riche. Avec l’argent récolté, Musk a pu racheter Paypal, une jeune start-up en pleine croissance, et l’imposer comme le géant qu’il est désormais devenu. Là encore, Musk a revendu, récoltant un bon paquet de cash au passage.
Il s’est alors servi de cet argent pour se lancer dans des projets bien plus ambitieux, et il est aujourd’hui à la tête de plusieurs sociétés. Tesla propose des véhicules 100 % électriques haut de gamme, avec des options complètement dingues comme le pilote automatique, qui fonctionne déjà très bien. SpaceX, qui est la première société spatiale privée au monde, et que la NASA emploie notamment pour réapprovisionner la station spatiale internationale. Il est également président de Solar City, qui produit les meilleur panneaux solaires au monde. Enfin, il a fondé Hyperloop pour développer un « cinquième mode de transport, en plus des bateaux, avions, voitures et des trains ». Depuis la fin de l’année 2015, il a également lancé OpenAI, un centre de recherche sur l’intelligence artificielle.
Tous ces projets sont ambitieux, et fonctionnent déjà très bien. Mais son objectif ultime est plus important que de réaliser simplement de gros bénéfices. L’idée, obsessionnelle, de Musk, est de coloniser Mars pour pouvoir y reconstruire une humanité au cas où nous ne parviendrions pas à « sauver » la Terre. Visionnaire ou mégalo ? La question reste sans doute ouverte encore, mais le personnage ne peut qu’intriguer.
Une biographie manquée
Vous l’aurez compris, Elon Musk est quelqu’un qui me fascine. Mais revenons-en au bouquin qui, pour sa part, est beaucoup moins intéressant. La première raison pour laquelle il ne m’a pas plus réside dans son contenu, que j’ai trouvé beaucoup trop peu intéressant dans sa très longue première partie. Si certains seront sans doute intéressés de connaître 1001 détails sur la jeunesse, les origines, les difficultés d’adolescent de Musk, ce n’est absolument pas mon cas, d’autant plus qu’elles ne servent pas spécialement à « expliquer » le visionnaire qu’il est devenu par la suite. Musk l’industriel de talent – de génie – ne se dévoile que trop tard dans le bouquin, alors que c’est ce qui intéresse le lectorat. On veut connaître les filons qui l’ont fait devenir riche, on veut en apprendre plus sur sa vision du monde, et l’auteur nous prive de cela.
Je nuancerais toutefois énormément mon propos puisque l’auteur n’est peut-être pas totalement à blâmer. En effet, la version que nous avons pu découvrir grâce aux éditions Eyrolles est une traduction et, à mon sens, c’est à ce niveau qu’il faut chercher les erreurs. La traduction est en effet complètement bancale, avec des phrases à rallonge, des mots traduits parfois de façon totalement incohérente, des anglicismes non-conservés (non, désolé, mais à aucun moment je ne proposerais à mes collègues un petit « remue-méninges » au lieu d’un « brainstorming » lors de notre réunion hebdo), j’en passe et des meilleures. Nous n’avons malheureusement pas eu la chance de comparer tout cela à la version originale mais, si vous êtes anglophone et que vous avez envie de vous procurer ce bouquin, nous ne pouvons que fortement vous inciter à opter pour la VO.