Depuis quelques mois, toute la communauté des joueurs est en adoration devant un des nouveaux jeux localisés par Super Meeple : Ark Nova. Très (mais alors très très) bien accueilli sur la scène ludique, celui-ci a déjà glané le prestigieux Diamant d’Or Expert 2022 et de l’avis unanime, il est un jeu qui fera date. Pour en avoir le cœur net, la rédaction de Conso-Mag a choisi de se pencher dessus. Le jeu mérite-t-il tout le foin que l’on en fait ou justement, aurait-il mieux valu donner ce foin aux petits animaux de la ferme pédagogique ? Spoiler alert : c’est la première réponse.
Pour le résumer simplement, Ark Nova propose aux joueurs de prendre les rênes d’un parc animalier. Bien sûr, il s’agira de bâtir des enclos et d’y installer des animaux afin d’attirer les visiteurs mais au-delà de ça, il faudra établir des partenariats avec des zoos étrangers, développer l’aspect recherche scientifique, utiliser à bon escient l’argent de vos mécènes et bien entendu soutenir des projets de conservation en vue de la préservation des espèces. Une tâche titanesque mais ô combien amusante…
Beauval n’a qu’à bien se tenir !
Plus concrètement, Ark Nova propose aux joueurs cinq actions de base par l’intermédiaire de cinq cartes. A chaque tour, les joueurs pourront en effectuer une tout en sachant que la position de la carte choisie définira la puissance de l’action. Par exemple, si l’action Construire est au niveau 5 (le plus élevé), elle vous permettra de construire un enclos allant jusqu’à cinq cases. De la même manière, si la carte Mécènes est située au niveau trois, elle vous autorisera à jouer une carte correspondante de votre main pour un coût de trois ou moins. Bien sûr, une fois l’action effectuée, celle-ci est replacée au niveau un, décalant toutes les autres cartes d’un emplacement vers la droite.
Cette mécanique est la première bonne surprise du jeu (la première d’une longue série). Elle encourage le joueur à anticiper ses coups suivants tout en le forçant à panacher ses actions s’il veut être efficace. La seconde belle surprise est la double piste de scoring. D’un côté, il faut avancer sur la piste des tickets, principalement en installant des animaux dans votre zoo. Cette piste symbolise l’attrait des visiteurs pour votre parc et définira donc les revenus que celui-ci générera à chaque « pause » dans le jeu. D’un autre côté, il ne faudra pas négliger la piste de conservation. Celle-ci représente vos efforts pour la préservation des espèces et vous pourrez y avancer en plaçant quelques animaux particuliers dans votre zoo mais surtout en soutenant des projets de recherche (présents au début du jeu ou joués depuis votre main). La partie s’arrête dès lors que les marqueurs d’un joueur se croisent sur les différentes pistes, le score final étant l’écart entre les deux (et donc oui, il est possible de finir en négatif, ne vous inquiétez pas, on y est tous passés lors de nos premières parties).
It’s zoo wonderful
Bien sûr, le jeu ne se limite pas à ces deux mécaniques (bien au contraire). Il regorge de petites subtilités et est, n’ayons pas peur des mots, un des jeux les plus riches auquel il nous a été donné de jouer. D’ailleurs, une fois les règles assimilées, une impression de fluidité se dégage d’Ark Nova. Les différentes mécaniques s’imbriquent à la perfection et c’est dans une sorte de jolie symphonie compétitive que les tours des joueurs s’enchaînent. C’est bien simple, le mot qui nous viendrait naturellement à l’esprit si nous devions décrire une partie complète allant du premier enclos créé au dernier projet soutenu serait « harmonieux ».
Harmonieux donc mais aussi équilibré. C’est là une autre grande force (et une troisième belle surprise) du jeu. En dépit de plus de 250 cartes uniques dont la très grande majorité propose des actions spécifiques, le jeu est admirablement équilibré. Bien sûr, un très léger facteur chance intervient lors du tirage des cartes mais il est rapidement contrebalancé par la subtilité et par la profondeur de la mécanique de jeu.
Un safari photo dans votre propre zoo ?
Au-delà de ces aspects techniques, Ark Nova séduit aussi par son esthétique et par sa grande rejouabilité. Pour la première, disons-le sans ambages, le jeu est superbe. Chaque carte est illustrée par une photo et au détour d’un tour, il ne sera pas rare de voir les joueurs examiner avec intérêt les différents animaux qu’ils ont installés dans leur parc. En plus de cela, le matériel est irréprochable (mention spéciale pour les bacs en plastique destinés à stocker les jetons).
Et quant à l’aspect rejouabilité, il est lui aussi très poussé. Le caractère unique de chaque carte est évidemment un des facteurs principaux de cette rejouabilité accrue mais elle est aussi admirablement soutenue par la possibilité de démarrer la partie avec des plateaux zoo asymétriques. Autant vous le dire, par la variété des parties qu’il propose, Ark Nova risque de très souvent faire le glorieux trajet conduisant de votre ludothèque à votre table de jeu.
En conclusion
En débutant ce test, nous nous étions promis de ne pas céder à l’« effet buzz » et de ne pas tomber dans la « dithyrambie » ambiante si celle-ci n’était pas pleinement justifiée. Mais force est de reconnaître qu’elle l’est. Le jeu est une pure réussite tant dans ce qu’il propose aux joueurs que dans ce qu’il est visuellement. Pour nous, c’est un véritable coup de cœur !
Ark Nova, un jeu de Mathias Wigge, illustré par Loїc Billiau et Dennis Lohausen, édité par Feuerland pour la version originale et par Super Meeple pour la version française.
Nombre de joueurs : 1 à 4
Âge : dès 14 ans
Durée moyenne d’une partie : 2 à 3 heures