La Boîte de Jeu, c’est un peu la maison d’édition dont chacune des sorties reçoit un très bel accueil. La raison : des jeux léchés disposant d’une mécanique efficace et pourvu d’un thème fort. Leur dernière création, Cerbère, ne risque pas de faire exception. Récit de notre bad road trip au cœur des Enfers. Rien que ça !
Sans surprise, nous voilà dans les Enfers. On dit sans surprise car, pour être parfaitement honnêtes, chez Conso-Mag, nous avons toujours préféré la team des affreux pêcheurs à celle des bons samaritains. Du coup, nous étions même plutôt curieux et impatients de descendre visiter le Grand Cornu. Mais nous ne nous attendions pas à ça. Pas d’orgie dantesque sur fond de métal rock ni de bacchanale diabolique. Juste une chaleur étouffante. Et un chien. Un gros. Cerbère, il s’appelle mais il ressemble à une abominable version satanique du Touffu d’Harry Potter. Et surtout, il cherche à nous manger avec ses trois gueules écumantes de rage. Bon évidemment, dans ces conditions, l’enthousiasme du groupe s’est un peu étiolé et nous nous sommes enfuis. Ou plutôt, nous avons essayé…
Enfer et damnation trahison
Dans Cerbère, chaque joueur va donc incarner un aventurier qui s’est égaré dans les Enfers. L’endroit semble offrir autant d’issue que d’espoir, c’est-à-dire très peu. Votre seule planche de salut (et celle des autres aventuriers) réside dans la vieille barque qui pourrait vous mettre à l’abri de l’autre côté du Styx. Petit bémol, la barque risque de ne pas pouvoir contenir tout le monde et Cerbère n’a aucune intention de vous laisser l’atteindre. S’engage alors une étrange course-poursuite sur le chemin de l’enfer qui, comme nous le disions, ne sera pas pavé que de bonnes intentions.
Et pour cause, Cerbère est un jeu semi-coopératif où les joueurs s’en sortiront mieux s’ils coopèrent mais jouent tous avec une épée de Damoclès au-dessus de la tête. En effet, aucun n’est à l’abri de se voir abandonné par le groupe sur les rives du fleuve infernal lorsque la barque s’éloignera doucement (chargée d’autres aventuriers qui ricaneront de plaisir en regardant Cerbère vous croquer à pleines dents). Chacun devra donc faire preuve de lucidité et jouer subtilement car la coopération risque de vite tourner à la sournoiserie voire à la trahison la plus éhontée.
Satan qu’il y a de la vie, il y a de l’espoir
A son tour, chaque joueur va pouvoir jouer une carte action et, s’il le souhaite, une carte survie. Les principaux effets de ces cartes sont de faire avancer les joueurs (soi et/ou les autres) ou de permettre de piocher de nouvelles cartes survie. Néanmoins, chaque action vient avec son prix et au fur et à mesure des tours, la rage de Cerbère va augmenter de même que sa vitesse. Quand il atteindra le bout de sa piste de rage, le meilleur ami des démons se mettra en chasse et suivra votre trace aussi loin que sa vitesse le lui permet. S’il rattrape un aventurier, il le capture et le ramène au cœur des Enfers. Cela dit, un joueur capturé n’a pas pour autant perdu la partie. Pour espérer gagner la clémence de Cerbère, il va l’aider à stopper ses anciens compagnons en jouant désormais avec la face Cerbère de ses cartes action et en piochant des cartes trahison plutôt que survie. Embuscade, perfidie, rancune, … Il est peut-être l’heure de régler certains comptes.
Visuellement, Cerbère est dans la droite ligne de ce à quoi nous ont habitués les équipes de la Boîte de Jeu, à savoir des graphismes réussis et un matériel d’excellente facture (coucou le meeple de Cerbère). Au niveau de sa mécanique, il mérite autant d’éloges. Il est fluide, il dispose de règles facilement assimilables et il offre des parties souvent tendues où les joueurs se regardent d’un œil suspicieux, se demandant sans cesse lequel d’entre eux montrera les premiers signes de félonie.
Jouable à partir de trois joueurs, c’est véritablement lorsque minimum quatre aventuriers se retrouvent autour de la table que Cerbère révèle tout son potentiel. En effet, l’une des barques susceptible d’être disponible à la fin du parcours comporte trois places et en configuration trois joueurs, le jeu peut donc devenir pleinement coopératif. En revanche, à quatre joueurs et au-delà, Cerbère offre la garantie que quelques croche-pieds seront échangés et que quelques complots seront odieusement ourdis. Un régal pour tous les joueurs prêts à assumer leur part de délicieuse sournoiserie. Et que dire de la possibilité d’intégrer le camp de Cerbère ? Voilà une vraie bonne idée et surtout une forme de jubilation pour le joueur trahi qui y verra l’opportunité de se venger bassement !
Bref, un jeu fun et jouissif qu’on ressort toujours avec plaisir en se frottant les mains et en affichant un sourire carnassier.
Cerbère, un jeu de Pierre Buty, illustré par Pierre Ples et Jules Dubost, édité par La Boîte de Jeu et Origames et distribué par Black Rock Games.
Nombre de joueurs : 3 à 7
Âge : à partir de 10 ans
Durée moyenne d’une partie : 45 minutes
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