« Mais je n’ai pas besoin qu’on m’aime, j’ai seulement besoin de croiser des gens aimables.”
Autrefois scientifique sans renom, Gilbert Kaplan est aujourd’hui un vieillard. Il voit son salon envahi par une foule de gens venus le féliciter pour une observation qu’il a jadis rédigé. Et aujourd’hui qui trouve son application. Une cérémonie de couronnement est même planifiée. D’abord peu intéressé. C’est la quotidienneté de sa vie étriquée qu’il déroule pour le lecteur, ponctuée de souvenirs, au petit bonheur la chance. Il trompe sa solitude avec Maud Ambrunaz, qui tient (mal) l’appartement. Pour éviter la visite de sa soeur Alice, ils partent quelques jours au Touquet avant le couronnement…
Comment ne pas se laisser séduire par ce charmant vieux monsieur qui n’a absolument pas en tête de faire notre conquête. Il n’a pas grand chose de construit en tête à vrai dire. Il se laisse couler dans la monotonie des jours et gentiment dirigés par Madame Ambrunaz. Le vieux monsieur évoque avec regret, amusement ou simple constatation le monde qui semble s’être écarté de lui.
Il revoit son frère le grand écrivain. Pense à celle de ses sœurs qu’il aimait tendrement et dont il est sans nouvelles depuis 40 ans. Gilbert se laisse offrir un costume par son fils avant de le laisser simplement dans la rue. Puis, contraint, il accepte donc de passer quelques jours au Touquet, avec son exemplaire de Typhon, qui accompagne de tous temps ses insomnies hôtelières. Et là, quelque chose se débloque.
Mais Véronique Bizot tenait décidément à nous taquiner le cœur.
Un roman écrit au cordeau qui enchante par la légèreté de sa plume. Ravissant. Et ce qui y est dit sur le charme et la désespérance des bords de mer hors saison y est fort juste, et très ironique.
C’est le premier roman de Véronique Bizot mais elle a déjà publié deux recueils de nouvelles, Les Sangliers et Les Jardiniers.