L’Histoire du cinéma est riche de milliers de films qui nous ont fait rire, pleurer, s’émerveiller, frissonner, se révolter, découvrir… Des films que l’on voit au cinéma à leur sortie, ou des mois, des années, plus tard à la maison. Certains sont cultes, tandis que d’autres sont trop vite tombés dans les oubliettes. Certains méritent d’être vus, ou revus encore et encore, tandis que d’autres ne devraient même pas avoir droit à un regard. Parmi cette myriade de possibilités, il n’est pas toujours facile de s’y retrouver. C’est pourquoi nos rédacteurs vont vous proposer chaque mois leur coup de cœur. Films récents, ou non, cultes, ou moins connus, l’idée est que chacun vous donne envie de voir, ou revoir, ces œuvres. A vous alors de faire votre choix dans cette sélection, de vous installer confortablement, et d’éteindre la lumière… La séance peut alors commencer.
Baptiste : Banlieusards, de Kery James et Leïla Sy
Banlieusards est le premier film du rappeur Kery James et est disponible depuis le mois d’octobre sur Netflix. Qui est mieux placé pour raconter la banlieue qu’un homme qui y a grandi ? Attention, plongée dans le 9.4.
Le film retrace la vie d’une famille vivant en banlieue. Demba, joué par Kery James lui-même, est l’aîné, dealer et respecté (ou craint ?) dans la cité. Son cadet, Souleymaan brille dans ses études d’apprentis avocat et est en finale du prestigieux concours d’éloquence. Enfin, le benjamin, Noumouké, est au collège et semble marcher dans les pas de Demba, à savoir ceux de la violence et la délinquance. Trois frères, pour trois destins différents mais finalement liés.
La trame du film repose sur la finale de ce fameux concours d’éloquence dont le débat porte sur la responsabilité de l’Etat sur la situation actuelle des banlieues en France, thème souvent phare de l’oeuvre de Kery James. Souleymaan, banlieusard, doit défendre l’Etat quand Lisa, en tous points opposée au jeune homme, doit l’incriminer. Cette simple inversion reste intéressante pour les approches et les arguments avancés.
Venant de Kery James qui a lui-même vécu en banlieue, le film apporte un regard nouveau et plus nuancé des banlieues, plus réaliste. Je le trouve empreint d’une certaine poésie. Nous reconnaissons fortement la plume puissante du rappeur derrière les textes.
De plus, Jammeh Diangana qui joue Souleymaan et Bakary Diombera qui joue Noumouké nous livrent une prestation de très haut niveau. Leur acting est incroyable. Petit bémol pour celui de Kery qui est plus banal et celui de Chloé Jouannet, qui joue Lisa, dont seule la scène du concours d’éloquence sort du lot.
Jonathan – Mr. Nobody, de Jaco Van Dormael
J’ai découvert ce film un peu par hasard, au fil de mes pérégrinations sur Netflix. Intrigué par le mélange assez étrange entre un réalisateur belge (Jaco Van Dormael) assez obscur et un casting international de grande qualité (Jared Leto, Diane Kruger), je me décide à me lancer. Et quelle claque ce fût !
Le film nous raconte la vie de Nemo Nobody, un homme âgé de 118 ans, dernier mortel à vivre sur Terre. Ou plutôt, ses vies. Tout au long des deux heures et quelques que dure la séance, on va explorer avec Nemo l’ensemble des embranchements de sa vie, résultante des choix faits et des conséquences qui en découlent. Nemo possède la capacité de « rembobiner » le temps, afin de prendre une toute autre voie, tout en conservant la pleine compréhension de ce qu’aurait été sa vie en restant sur l’autre arc. Van Dormael nous balade tout au long du film, mêlant habilement physique quantique et scénario léché.
Mr. Nobody, en plus d’être incroyablement riche d’un point de vue de l’écriture, est également une merveille visuelle à la photographie parfaite. Chaque plan est plus réussi que le précédent, et certains d’entre eux méritent leur place au panthéon du cinéma. Bref, en un mot comme en cent, c’est une petite merveille !
Matt – Green Book : sur les routes du sud, de Peter Farrelly
Oscar du meilleur film 2019, j’étais complètement passé à côté de sa sortie en salles en tout début d’année. Je me suis donc rattrapé récemment avec le blu-ray pour mon plus grand plaisir !
Inspiré d’une histoire vraie, le film se déroule en 1962, durant une période où règne encore la ségrégation. Tony Lip, un videur italo-américain du Bronx, est engagé pour conduire et protéger le Dr Don Shirley, un pianiste noir virtuose, lors d’une tournée de concerts dans le sud des Etats-Unis encore très raciste. Durant leur périple, ils font se confronter aux humiliations, perceptions et persécutions. Alors que tous les opposes, une belle amitié va naître entre eux.
Alors que Peter Farelly nous avait habitué à des comédies lourdingues, le réalisateur montre ici une certaine sensibilité et une retenue exemplaire. Si le sujet pouvait sembler lourd et moralisateur, il n’en est rien. Bourré d’humour, rythmé, le long-métrage marqué d’une esthétique classieuse aux teintes chaudes dénonce le racisme ordinaire avec subtilité. Un road-trip dont le scénario fait mouche réussissant à nous surprendre à chaque instant. Au-delà de ce message fort, le film raconte avant tout la construction d’une amitié particulière, émouvante, et inattendue. Une ode à la tolérance portée admirablement par Viggo Mortensen et Mahershala Ali (Oscar du meilleur acteur 2019) qui composent un duo talentueux dont l’alchimie transpire à chaque plan. Un tandem savoureux marqué de joutes verbales délicieuses. A voir absolument en version originale sous peine de passer à côté des accents qui caractérisent les personnages et font le sel de cette aventure. En bref, un petit bijou irrésistible, sorte de conte, qui fait chaud au cœur.
Et vous quelle a été votre dernière bonne surprise ? N’hésitez pas à nous faire découvrir votre coup de cœur dans les commentaires de cet article ou sur nos réseaux sociaux !