Incarner un dieu de la mythologie grecque qui lutterait contre ses pairs pour asseoir sa domination sur l’Olympe et sur le monde mortel, c’est l’excellente idée qui a traversé l’esprit fertile de l’auteur Damien Chauveau. Un projet ambitieux qui dès son annonce n’a pas manqué de faire frétiller la curiosité de tous les joueurs compulsifs (et des autres). Désormais, Hybris : Disordered Cosmos est là et une question fondamentale se pose : l’essai a-t-il été transformé (et cette transformation a-t-elle fait muter un Olympien en dieu des dieux) ?
Venus des tréfonds des enfers, les hurlements bestiaux de Cronos déchirent le silence paisible de l’Olympe. Vous savez que dans l’antre d’Hadès, celui qui fut jadis considéré comme votre père se fait drainer de son énergie la plus vitale mais sans même un haussement d’épaules, vous choisissez de l’ignorer. L’ère des primordiaux est désormais révolue et pour le règne des Olympiens qui s’annonce, vous avez de grandes ambitions. Mais alors que vous jetez un regard avide au trône qui semble vous tendre les bras, une ombre passe sur votre visage. Pour espérer vous y asseoir en toute légitimité, il vous faudra d’abord renvoyer vos frères et sœurs au rang qui est le leur : celui de dieux secondaires…
Petit Grand voyage en Mythologie !
Avant d’entrer dans le vif du sujet, arrêtons-nous quelques instants sur le thème, l’univers et le matériel de Hybris : Disordered Cosmos. Pourquoi ? Eh bien tout simplement parce qu’en premier lieu, ce sont l’illustration de la boîte et sa taille hors-norme qui attirent et intriguent. D’emblée, on sent qu’on se trouve face à un jeu sûr de ses qualités et qui n’attend que de nous entrainer dans son univers (que l’on devine déjà riche).
Et on ne s’y trompe pas. Le matériel est aussi soigné que pléthorique. Une fois le tout installé sur la table, le jeu prend une place monstre et même s’il peut sembler intimidant, on n’a qu’une envie, s’asseoir et s’y plonger. Il faut dire qu’en plus de s’émerveiller des couleurs chatoyantes et des illustrations parfaitement dans le thème, la mise en place de la partie est aussi l’occasion de prendre la mesure des détails mythologiques que le jeu a pris soin de respecter (nous y reviendrons).
Jouons dans l’antiquité futuriste (cœur avec l’oxymore)
Pour l’aspect matériel et visuel, Hybris : Disordered Cosmos est donc déjà un coup de cœur mais bien sûr, pour être bon, il ne suffit pas à un jeu d’être beau. Les mécaniques d’Hybris sont-elles à la hauteur de son enchantement visuel ? Eh bien ne ménageons pas le suspense, oui elles le sont ! On vous explique…
Dans Hybris : Disordered Cosmos, chaque joueur va donc incarner un dieu Olympien parmi quatre (Zeus, Hadès, Athéna ou Poséidon). Chacun d’entre eux dispose de capacités spéciales mais aussi d’améliorations uniques qu’il pourra débloquer en cours de partie. Pour débuter celle-ci, les joueurs ont à leur disposition leur dieu, un prophète et un héros qu’ils vont lors de chaque âge déployer dans l’un des différents lieux du plateau. Ces derniers sont au nombre de huit et sont aussi mythiques les uns que les autres (c’est assez logique).
Hybris : Disordered Cosmos est donc avant tout un jeu de programmation et de choix cornéliens. Allez-vous préférer demander un présage à l’Oracle pour vous prémunir du courroux des dieux primordiaux ou visiter Les Moires pour tenter d’accomplir des quêtes historiques ? Choisirez-vous de fouler les sables du Colisée pour tenter de convaincre un héros de rejoindre vos rangs ou déciderez-vous plutôt de déployer dans le monde mortel une technologie que vous aurez fabriquée dans l’atelier d’Hephaïstos ? A moins que vous ne choisissiez plus simplement de vous rendre aux Enfers pour drainer de son énergie le dieu primordial qui y est enchainé…
On invoque Athéna, la déesse de l’intelligence et de la sagesse…
Et pour cause, Hybris : Disordered Cosmos est un jeu qui mettra vos capacités de réflexion à rude épreuve. Chaque déplacement doit y être mûrement réfléchi à l’avance et pourtant, il faut aussi être capable de s’adapter aux différentes actions des autres Olympiens en quête de gloire.
D’ailleurs, à ce sujet, le jeu se révèle riche en interactions directes, ce qui mérite d’être souligné car c’est devenu assez rare dans ce type de jeux expert. Ici, les capacités de certains dieux sont immédiatement liées aux actions de leurs concurrents mais aussi (et surtout), les joueurs ont la possibilité de contester le déploiement de technologies par leurs adversaires (et ainsi engager un combat qui pourrait leur permettre de voler, il n’y a pas d’autres mots, un bonus à l’Olympien qui a pourtant fait tout le travail préalable). C’est malin, immersif et délicieusement sournois.
Notre avis
C’est indéniable, Hybris : Disordered Cosmos est un des jeux les plus réussis de ce début d’année. Bien sûr, il est superbe mais il est aussi doté de mécaniques aussi innovantes que bien pensées. Malgré sa complexité, il se révèle très fluide et offre des parties absolument épiques (même si à deux joueurs, il faudra préférer la configuration duel, garante de la bonne tenue des interactions directes que nous évoquions plus haut).
Et pour conclure, un des points sur lesquels nous souhaitions revenir est l’énorme potentiel immersif du jeu. Ici, on ne se contente pas de jouer dans la mythologie grecque, on s’y immerge pleinement. Par-là, il faut comprendre qu’au travers de son jeu, l’auteur rend un vibrant hommage à la richesse de la mythologie. Des héros disponibles pour les Olympiens à ceux qui attendent d’être défiés dans le Colisée (coucou Achille, Circé ou encore Calypso) en passant par Les quêtes des Moires, tout a été pensé dans les moindres détails. D’ailleurs, en parlant des quêtes des Moires, sachez qu’il vous sera possible d’y résoudre l’énigme du Sphinx, d’y participer à la bataille des Thermopyles, d’y dompter Cerbère ou encore d’y affronter la Chimère. Immersif, on vous a dit !
Tout l’Olympe ne rentrait pas dans une seule boîte (aussi grande soit-elle)
Vous en voulez plus ? Ça tombe bien, nous aussi ! Et la bonne nouvelle est que trois extensions sont disponibles pour Hybris : Disordered Cosmos. Chacune d’elles apportera au jeu de base de nouveaux lieux, de nouvelles mécaniques mais également de nouveaux dieux à incarner. Nous espérons vous en reparler très bientôt !
Mais bref, nous nous arrêtons là. Nous pourrions « dithyrambiser » sur Hybris : Disordered Cosmos pendant des heures mais le trône de l’Olympe est en danger. Nous devons vite retourner y poser nos fesses divines !
Hybris : Disordered Cosmos, un jeu de Damien Chauveau, illustré par Damien Chauveau, Luc-David Garraud et Stefano Collavini, édité par Aurora Game Studio et distribué par Intrafin.
Nombre de joueurs : 2 à 4
Âge : dès 14 ans
Durée moyenne d’une partie : 2 à 3 heures
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