Il y a des mariages dont on sait à l’avance qu’ils seront heureux et dont on devine que le fruit ne nous décevra pas. Aussi, quand on a appris que Libellud (Mystérium, Dice Forge, …) et Pearl Games (Bruxelles, l’Auberge sanglante, …) allaient convoler le temps d’une création, on a immédiatement spéculé sur le rejeton qui allait naître de cette union et sur les grandes attentes qui allaient reposer sur ses épaules. Ce premier-né en commun est désormais sur les étals et se prénomme Otys. Celui-ci est-il à la hauteur des fières lignées dont peuvent se targuer ses parents ou au contraire est-il le vilain petit canard qu’on prendra soin de masquer dans le prestigieux arbre généalogique de la famille ? C’est que nous avons voulu savoir.

Au milieu du 22ème siècle, l’inexorable montée des eaux a finalement recouvert les dernières terres émergées. L’inconscience de l’homme a fini par le condamner à quotidiennement augmenter le volume de la montagne de débris sur laquelle il a pu trouver refuge et qui lui permet de rester au-dessus du niveau de la mer. Pour ce faire, les différentes colonies ont besoin de plongeurs chevronnés qui fouillent les vestiges du passé à la recherche de tout ce qui peut avoir conservé un semblant d’utilité. Au sein de la colonie Otys, vous êtes à la tête d’une telle équipe et très vite, la compétition s’engage car la colonie n’a de reconnaissance que pour ceux qui peuvent subvenir à ses besoins.

Dans Otys, vous disposez donc de huit plongeurs répartis à des niveaux de profondeur différents. De l’éclaireur à l’espion en passant par la négociante et l’expert en carburant, chacun attend que vous l’activiez pour vous faire profiter de ses compétences. Néanmoins, soyez vigilants car aucun plongeur ne peut rester indéfiniment sous l’eau et la remontée en surface de l’un d’eux implique une plongée plus profonde pour tous les autres. Il vous faudra donc anticiper pour espérer collecter les différentes ressources dont la colonie a besoin mais aussi garder un œil sur vos adversaires qui ne se priveront pas, s’ils le peuvent, de la contenter avant vous, mettant à mal l’ensemble de votre stratégie.

Snorkeling dans la Manche ou plongée dans les récifs coraliens ?

La première chose qui frappe dans Otys, c’est la qualité esthétique de l’ensemble. Bon, évidemment on s’y attendait car Libellud nous a habitués à des visuels léchés mais on doit quand même souligner que le petit dernier ne déroge pas à la règle. Sans conteste, c’est visuellement très réussi et c’est toujours un plus pour l’immersion dans le thème (immersion, plongée, vous l’avez ?). Le thème justement, celui-là nous a séduits. On est certes dans du post-apocalyptique, ce qui est assez récurrent dans les jeux de société, mais on sort du crédo classique guerre nucléaire, invasion de zombies et autres joyeusetés.

Au niveau de la mécanique, confessons qu’à la première lecture des règles, nous avons été quelque peu circonspects. Il nous semblait y avoir beaucoup de spécificités et nous avons craint qu’à trop vouloir bien faire, le jeu allait manquer de fluidité. C’était sans compter sur les compétences de Pearl Games et Libellud qui nous ont pourtant déjà prouvé leurs capacités à créer des jeux intelligents sans qu’ils soient inintelligibles, des mécaniques complexes mais pourtant facilement compréhensibles. Une fois le jeu installé et après un premier tour de rodage, tout s’éclaire comme de puissants projecteurs au cœur des abysses. L’inédit système d’activation et de coulissage des plongeurs se révèle très efficace et apporte une dimension stratégique et d’anticipation qui donne de la profondeur à la mécanique. On apprivoise finalement le fonctionnement du jeu en quelques coups et le reste n’est que plaisir (et délicieuse torture de méninges).

Si nous étions pointilleux (mais alors très pointilleux), on pourrait regretter que dans le très huilé système d’encoches et de coulissage des éléments de jeu, les tuiles hacker et mécanicien aient été oubliées. Elles semblent plus ou moins naviguer à l’aveugle sur le bord de notre plateau de jeu individuel, à la merci d’un mouvement brusque ou d’un pli de la nappe. Après, c’est vraiment pour ergoter car le défaut est aussi minime que l’ensemble du jeu est réussi.

Bref, Otys s’inscrit dans la droite ligne des jeux auxquels Libellud et Pearl Games nous ont habitués, à savoir un jeu original, à la mécanique irréprochable et à l’esthétique sans fausse note. Une très belle découverte.

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