Ressusciter une franchise mythique pour en faire une suite ou un produit dérivé n’est pas toujours une excellente idée. Le dernier opus de Ghostbusters ou le jeu-vidéo jadis tiré du film « Matrix » en sont la meilleure preuve. Alors, quand on a vu que « Le Parrain » allait être décliné en jeu de société, des frissons ont couru le long de nos échines de puristes. Pourtant, un jeu signé Eric M. Lang, édité par Edge et distribué par Asmodée ne pouvait pas être mauvais ! Et en effet, il ne l’est pas. Il est même tout l’opposé. Découverte.
Dans « le Parrain », vous incarnez l’une des cinq grandes familles mafieuses qui se disputent le contrôle du New-York des années 50’. Votre but : racketter un maximum de petits commerces depuis le Queens jusqu’à Wall Street et ainsi faire trembler la Grosse Pomme à la seule évocation de votre nom. Pour y parvenir, vous pouvez envoyer quelques hommes de main rendre visite aux commerçants locaux ou utiliser des membres de votre famille pour étendre votre contrôle dans différents quartiers. Mais ce n’est pas tout, vous pouvez également réaliser des contrats pour Don Corleone himself ou glisser d’alléchants pots-de-vin dans les poches de certains personnages qui pourraient se révéler utiles (comme le capitaine de police ou le maire de la ville par exemple). Tout au long de la partie, vous aurez différentes occasions de glisser quelques billets dans votre valise (comprenez les soustraire aux griffes de Don Corleone auquel il vous faudra faire des offrandes issues de votre main à chaque fin de tour). A la fin de la partie, on ouvre les valises et le joueur le plus riche devient officiellement le mafieux le plus craint de New-York.
« Ne me raconte plus que tu es innocent parce que c’est une insulte à mon intelligence et ça me rend de mauvaise humeur » – Michael Corleone
Premièrement, ce qui frappe dans « le Parrain », c’est la qualité du matériel proposé. Le jeu se déroule sur un superbe plateau représentant les différents quartiers de New-York, les joueurs ont à leur disposition une valise en métal pour y planquer leur argent sale mais surtout, chaque famille dispose de ses propres figurines. Certes, cette petite fantaisie fait monter le prix du jeu mais le plaisir est réel lorsqu’on détaille les différents membres de son clan (particulièrement si on prend le temps de les peindre) et lorsqu’on place de vrais personnages sur le plateau de jeu.
Ce souci du détail apporté à l’esthétique participe pleinement à l’immersion dans l’univers du Parrain. Le thème est respecté dans tous les aspects du jeu et même les fans les plus exigeants de la franchise n’y trouveront sans doute rien à dire. Pendant tout le temps que dure une partie, on pense comme un mafieux, on calcule comme un mafieux mais surtout, on agit comme un mafieux (ce qui est aussi crapuleux que jouissif).
Au niveau de la mécanique, le jeu est fluide et parfaitement équilibré. Nous avons particulièrement apprécié les interactions entre joueurs. Loin d’être un de ces jeux où chaque participant joue dans son coin et ne lève la tête qu’au moment du décompte final des points, Le Parrain favorise une réelle interaction entre les participants. De la guerre d’influence sur les territoires aux extorsions qui vous permettront de vous servir dans la valise d’un concurrent en passant par les exécutions qui enverront des hommes de main adverses reposer au fond de l’Hudson, tout est pensé pour que vous jouiez autant pour vous que contre les autres. Exactement comme le ferait un vrai mafieux.
Le Parrain : l’empire de Corleone, un jeu édité par Edge et distribué par Asmodée
Âge : à partir de 14 ans
Nombre de joueurs : de 2 à 5
Durée moyenne d’une partie : 1 à 2 heures