Parmi les séries qui réunissent des dizaines de milliers de fans à chaque nouvel épisode et qui ont su se constituer une véritable communauté, la saga Metal Gear est indéniablement classée en tête de liste. Longtemps cantonnée à l’infiltration, la licence prend un tout autre tournant avec Metal Gear Rising : Revengeance, un spin-off centré sur le personnage de Raiden. Raiden, que l’on avait découvert dans Sons of Liberty, avant de le retrouver, méconnaissable, dans Guns of the Patriots. Pour le coup, et comme pour assurer cette transition vers le beat’em all, le titre s’est vu confié à des maîtres en la matière, les biens nommés développeurs de Platinum Games, déjà à l’origine de Bayonetta, considéré pour beaucoup comme l’un des tous meilleurs softs du genre.
Jack l’Eventreur
Metal Gear Rising est donc bien différent des titres habituels de la franchise. Malgré tout, le soft parvient à conserver ce qui a fait le succès de ses aînés. Dès le départ et la première cinématique, on se retrouve avec un produit équivalent à celui de Kojima Productions, disposant d’un véritable style, d’une identité propre. Si l’on regrette quelque peu que le scénario ne vole pas un peu plus haut, on apprécie énormément la façon dont le thème central, celui de la guerre, est abordé, avec les points de vue des « gentils » et des « méchants ». Chaque combat contre un boss (boss absolument géniaux, by the way) est l’occasion de les comprendre un peu mieux, de se demander si, au final, Raiden n’est pas vraiment celui qui est dans le mauvais chemin. Un bon boulot vraiment, qui n’a clairement rien à envier aux autres titres de la saga.
Ce qui fait bien évidemment la différence, c’est le gameplay, à des années lumières de ce qu’on a connu jusqu’à maintenant dans la série. L’infiltration passe ici au vingt-septième plan – même si certaines phases permettent de se la jouer discretos – pour une mise en avant d’un gameplay péchu, nerveux et ultra violent. Raiden s’est transformé en un ninja cyborg ultra stylé et ne manque pas de se servir de ses innombrables aptitudes au combat pour découper tout ce qui lui passe sous la lame. Je passe vite fait sur les attaques classiques pour parler du mode Zandatsu, qui est au coeur du gameplay. Une fois activé, celui-ci vous permet de découper avec précision vos adversaires ou n’importe quel élément du décor. La caméra se dirige alors avec le stick gauche, tandis que les coups de katana sont simulés par le stick droit. Et bordel, qu’est ce que c’est jouissif de pouvoir dégommer ces raclures et de le trancher en plusieurs dizaines de morceaux ! Cette technique permet également de récupérer les bras des ennemis – utilisés par Doktor pour vous fournir de l’équipement supplémentaire – ou de leur arracher la colonne pour régénérer la santé de Raiden. Bref, la classe ! Le système de parade est lui aussi très bien pensé, puisqu’aucune touche n’est spécifiquement attribué à celle-ci. Tout est question de timing, puisqu’il suffit d’appuyer au bon moment sur la touche d’attaque, tout en orientant le stick vers son adversaire, pour pouvoir contrer comme il se doit. Original, simple dans son concept, mais pas forcément très facile à dompter, la fenêtre de contre étant parfois difficilement identifiable. Tout un système de personnalisation de Raiden et de ses armes est de la partie également, permettant de débloquer tenues, capacités, j’en passe et des meilleurs. Ceux qui veulent boucler le jeu à 100% découvriront ici tout l’intérêt du New Game + puisque tout n’est pas achetable dès le premier run.
Quelques défauts tout de même
Vous l’aurez compris, MGR est plein de qualité, c’est indéniable. Certainement l’un des meilleurs jeux de ce début d’année, que ce soit pour les amateurs de la licence, les fans de beat’em all, mais également pour les joueurs lambdas. Pourtant, et pour aller peut-être à contresens de certains avis de la presse spécialisée, je dois reconnaître que j’ai été malgré tout quelque peu déçu par certains points. Le premier est lié à la durée de vie, bien trop limitée. Si personnellement j’aime pouvoir boucler un titre en 7-8 heures (pour éventuellement y revenir plus tard pour boucler les achievements, etc.), ce n’est pas le cas de tous les joueurs, bien au contraire. Et ces derniers n’auront sans doute pas grand chose à faire des missions annexes à débloquer tout au long de l’aventure, sans très grand intérêt. Mais bon, passons. Là où le bas blesse bien plus selon moi, c’est au niveau technique. Clairement, le titre est intouchable concernant les scènes cinématiques et la modélisation des personnages, clairement bonne. En revanche, les décors sont extrêmement morts, bien souvent fades (sérieusement, tout un niveau dans des égouts ?) et on ressent vraiment la touche japonaise à ce stade. Les animations sont bien souvent un peu rigides – pas vraiment pour Raiden, mais pour les autres personnages – ce qui renforce encore ce style nippon que je n’aime pas vraiment, personnellement. Il y aurait clairement eu mieux à faire ici. Encore un reproche, bien plus subjectif toutefois : les musiques. Balancer des sons mêlant Metal, Pop et autres trucs un peu chelou n’est clairement pas le meilleur choix des développeurs, même si l’action s’en trouve malgré tout très bien rythmée. J’aurais personnellement apprécié quelque chose d’autre, sans trop savoir quoi, exactement.
Bref, MGR : Revengeance est une petite bombe, un top du beat’em all, qui parvient malgré tout à garder cette empreinte Metal Gear bien ancrée dans la saga depuis des années maintenant. On peut toutefois regretter que l’utilisation de cette licence n’ait pas forcément permis à Platinum tous les délires qui auraient pu être les leurs, comme on l’a vu avec Bayonetta par le passé. Malgré tout, on prend son pied du début à la fin, on s’éclate à découper en mille morceaux ennemis et boss ultra classieux. Bref, du jeu vidéo comme on l’aime, même si on aurait apprécié pouvoir passer un peu plus de temps à kiffer. Dommage, mais ne boudons pas notre plaisir !