Dans le grand (et beau) monde des jeux de société, on trouve à la fois des univers récurrents (coucou la conquête spatiale ou le médiéval fantastique) et d’autres qui le sont beaucoup moins. Indéniablement, Lacrimosa appartient à cette seconde catégorie. Et pour cause, les joueurs y incarnent les mécènes du génie Wolfgang Amadeus Mozart, récemment décédé. Certes, le pari est audacieux mais est-il réussi ? Pour le savoir, l’équipe de Conso-Mag s’est mis au diapason et s’est armée d’un solide recueil de partitions…
Wolgang Amadeus Mozart est mort. Nous sommes le 5 décembre 1791 et à seulement 35 ans, le célèbre compositeur autrichien vient de rendre son dernier souffle. En tant qu’ami et mécène de Mozart, la nouvelle vous anéantit mais bientôt, sa veuve va vous donner l’opportunité de continuer à faire vivre l’esprit du génie. Constance s’est en effet mis en tête de collecter tous les souvenirs des moments que vous avez partagés avec son mari et même mieux, elle vous demande votre aide pour permettre à d’autres compositeurs de finir sa dernière grande œuvre : le Requiem que lui avait commandé le comte Franz von Wallseg.
Lançons la partie(tion)
Dans Lacrimosa, les joueurs vont donc incarner les différents mécènes de Mozart et leur but sera simple : accumuler le plus de points de victoire pour être reconnu comme le mécène le plus important de tous et ainsi s’assurer une place dans les livres d’histoire. Pour cela, plusieurs actions seront à leur disposition dont la plupart évoqueront les souvenirs des moments passés avec Mozart. Chaque manche sera découpée en quatre tours et lors de chacun de ces-derniers, les joueurs joueront une carte pour son action principale et une carte pour son revenu de fin de manche.
Parmi les actions disponibles, il sera possible de faire voyager le compositeur en Europe pour glaner des tuiles Ville (bonus immédiat) ou des tuiles Cour royale (objectif de fin de partie). De la même façon, il sera possible de commander à Mozart des opus pour ensuite les faire interpréter ou les vendre. S’ils le désirent, les joueurs auront aussi la possibilité de documenter certains de leurs souvenirs (c’est-à-dire d’améliorer leur deck de cartes). Et enfin, last but not least, ils pourront commander une partie du dernier Requiem à l’un des deux compositeurs en lice.
Un jeu pas si classique sur fond de musique classique
Principalement, et c’est l’un des atouts du jeu, Lacrimosa va s’articuler autour d’une mécanique de deck-building un peu particulière que nous pourrions qualifier de deck-building « fermé ». Il faut comprendre par là que les joueurs vont débuter la partie avec neuf cartes dans leur deck et que ce nombre n’évoluera jamais. S’ils achètent une carte Action dans la rivière, ils se sépareront définitivement de celle qu’ils avaient placée dans la partie revenus de fin de manche. Bref, il s’agira d’être prudent dans ses choix pour qui souhaite conserver un deck compétitif…
Mais bien sûr, cette mécanique de deck-building n’est pas le seul point fort de Lacrimosa. Nous avons par exemple trouvé le jeu particulièrement fluide et nous avons apprécié les interactions indirectes qu’il offre. Soyez par exemple attentifs aux stratégies des uns et des autres et n’hésitez pas à priver vos adversaires d’un opus ou d’une faveur royale qui serait susceptible de leur être trop favorable. Dans la même idée, ne négligez pas le dernier Requiem car les places y sont comptées et voir le compositeur que vous avez soutenu s’imposer pourrait bien vous rapporter un joli carrosse de points.
Et puis c’est évident, comment ne pas insister sur le thème du jeu et sur son matériel ? Nous l’avons dit en début d’article, concevoir un jeu autour de la mort de Mozart était pour le moins casse-gueule ambitieux mais force est de reconnaitre que le pari est réussi. L’ambiance de la partie s’en trouve très feutrée et sur chaque détail, Lacrimosa s’attache à respecter son thème (chaque opus disponible à l’achat a réellement été écrit par Mozart, les compositeurs en charge de finir le Requiem inachevé sont effectivement ceux qui ont été mandatés à l’époque, les différentes villes et cours royales ont bien été visitées par Mozart au cours de sa vie, etc.). En plus, et pour ne rien gâcher, le matériel est lui aussi à la hauteur du thème du jeu avec une mention spéciale pour les plateaux double couche munis d’inserts pour les cartes jouées ainsi que pour les illustrations de style gravure qui sont du plus bel effet.
Bref, Lacrimosa fut pour nous une belle découverte et nous ne saurions que trop vous recommander d’agrémenter vos parties en écoutant les morceaux composés par ce génie qu’était Mozart. Faites-nous confiance, ils gagnent à être (re)découverts !
Lacrimosa, un jeu de Gerard Ascensi et Ferran Renalias, illustré par Enrique Corominas, Jared Blando et David Esbrí, édité par Devir pour la version originale et par Iello pour la version française.
Nombre de joueurs : 2 à 4
Âge : dès 12 ans
Durée moyenne d’une partie : 90 à 120 minutes