Matt Verdier voit son second roman paraître chez Les Indés, après Corpus Prophetae chez Mnémos. C’est ainsi que Le Septième Prophète nous est arrivé avec son pitch très prometteur, à base de meurtres rituels perpétrés dans des églises qui auraient un lien avec des forces plus grandes encore. Tout cela servi par un personnage principal au passé et à la personnalité troubles. Oui, ça donne très envie de le lire et, autant le dire, le contenu a été à la hauteur de cette première impression.
Un thriller psychologique, infernal et complexe
Enfin, quand je dis complexe, c’est dans un sens positif : on comprend bien ce que veut construire l’auteur avec ses multiples références. Dans tous les cas, nous y reviendrons plus tard. L’histoire décrit tout d’abord des événements plutôt terre-à-terre : Yan Blys, un jeune capitaine de police, est réveillé par un appel de son bras droit après ce qui ressemble à une très grosse cuite qui ne lui laisse aucun souvenir. Il se retrouve très vite embarqué dans une enquête autour de 7 corps retrouvés en morceaux dans 7 églises différentes et qui semblent appartenir à … disons, des gens pas recommandables mais, surtout, censés être morts depuis longtemps.
Au final, tout s’emmêle. On passe d’un postulat de départ qui semble relativement réaliste à un développement où ce que l’on considère comme surnaturel vient prendre le dessus. A ce titre, le lecteur s’identifie facilement à Blys dans le sens où notre esprit essaie, autant que le sien, de conserver un cadre familier en tentant de rationnaliser ce qui se produit au fur et à mesure de la décente aux Enfers que vit le capitaine. Et tout ceci malgré le poids de plus en plus évident de forces bien au-dessus de la volonté du personnage principal.
Ce ressenti vient certainement d’une chose en particulier : Matt Verdier a réussi à rendre cohérents et plausibles des événements qui sont de l’ordre de l’impossible. Le lecteur s’habitue tellement à cette atmosphère de fin du monde latente, puis de plus en plus claire et admise, que tout parait découler d’une logique bien spécifique.
Un gros travail sur les références
L’intrigue, intégrant nombre de personnages historiques ou mythiques dans ses méandres, réussi à conserver cette même vraisemblance malgré l’invraisemblance manifeste des événements. L’identité des six premiers prophètes et les descriptions de leurs « éveils » sont intéressantes tant dans la recherche de lieux propices à cette transformation par rapport aux vies réelles que ces personnes ont vécues que dans la recherche d’une personnalité qui pourrait convenir à ces personnages.
Au final, l’enquête sur laquelle travaille Blys à la base passe au second plan tant les événements pris dans leur ensemble dépassent l’importance d’une simple affaire criminelle. L’ingérence de l’Opus Dei, d’abord ressentie comme un murmure, devient de plus en plus visible, donnant encore plus à cette histoire une portée qui touche toute l’humanité. On retrouve des thématiques qui ressemblent à ce que Dan Brown avait tenté dans Da Vinci Code ou Anges et Démons, à base de complot et de vérité absolue cachée par l’Eglise mais cette fois, le caractère fatal de ces révélations donne un enjeu plus puissant au dénouement.
La fin, magistrale de mon point de vue, nous amène à deux retournements de situation majeurs qui déstabilisent énormément et font aller et venir l’espoir que le lecteur entretient de voir une fin heureuse à cette histoire. A noter d’ailleurs que Matt Verdier nous évite une fin complètement optimiste – on peut même la considérer comme pas totalement pessimiste, d’un certain point de vue.
Un dernier mot sur le « personnage » de Crawn, le clown à l’allure fluctuante, qui accompagne Blys. D’abord considéré comme une sorte de parasite symbole de l’instabilité mentale du personnage principal, il s’avère bien plus complexe et important que ça, dans une voie assez inattendue. Sa toute dernière intervention, dans une sorte de souvenir « post-générique » est d’une magnifique justesse.
Si lire Le Septième Prophète vous intéresse, l’oeuvre est disponible par ici en ebook et version papier.