Malmener des contingents de gobelins, châtier des hordes de guerriers nains, découvrir mille et un trésors et peut-être même occire une araignée géante ou un ogre mage, on ne peut pas cacher qu’on attendait Massive Darkness, le dernier bijou de chez Edge, de pied ferme. Alors, on a dépoussiéré nos armures et affûté nos meilleures lames pour partir à l’aventure. Récit de notre quête au cœur de sombres donjons.
Il y a quelques décennies, une terrible guerre ravagea la Terre. Unis par Darkness, un chef belliqueux, les créatures de l’ombre tentèrent de renverser la civilisation et d’imposer le règne des Ténèbres. Elles durent faire face à des peuples déterminés qui combinèrent la magie à leur exceptionnel savoir-faire artisanal. Equipés des meilleures armes et légitimés par la certitude d’agir pour le bien, les héros de nos civilisations, que l’on appela les Porteurs de Lumière, ne se contentèrent pas de repousser leurs ennemis mais ils les poursuivirent jusque dans leurs cachettes les plus souterraines et les massacrèrent presqu’entièrement. Devenus les symboles de la victoire mais plus encore ceux d’une guerre sale, les souverains de nos royaumes s’empressèrent de les faire oublier. Ils lavèrent les mains ensanglantées et s’attachèrent à effacer les funestes souvenirs. Peu à peu, la paix fut restaurée.
Mais récemment, des rumeurs sur la destruction de villages lointains ont refait surface. Les bergers racontent que des cris à glacer le sang transpercent la montagne le soir et on entend ça et là que des ombres se propagent au détour des chemins. L’angoisse grandit et tous les indices pointent dans la même direction, Darkness est de retour. Au fond de vous brûle le feu qui animait jadis le regard des Porteurs de Lumière et vous savez qu’il est désormais temps de retrouver vos compagnons pour prendre les armes et débusquer vos ennemis, peu importe où ils se terrent.
Le digne héritier d’Hero Quest et de Zombicide
Massive Darkness est ce qu’on appelle dans le jargon ludique un dungeon crawler, comprenez un jeu d’exploration de donjons où vous vous déplacerez de case en case et de salle et en salle à la recherche de différents trésors et d’objectifs à atteindre. Accessoirement, vous y croiserez aussi des légions d’ennemis féroces. Dans le genre, avouons-le d’emblée, Massive Darkness nous a filé une énorme claque.
Se déroulant dans un univers médiéval-fantastique proche de celui d’Hero Quest, le légendaire jeu des années 90’, et reprenant partiellement la mécanique de Zombicide, le jeu de poutrage de zombies au succès planétaire, Massive Darkness a tout pour séduire et du coup, il séduit. Le système de jeu, pourtant classique, est extrêmement bien équilibré et améliore même certains aspects qui pouvaient faire grincer des dents dans Zombicide. Ainsi, exit les hordes de monstres qui apparaissent à chaque tour de jeu à des endroits précis du plateau. Dans Massive Darkness, les ennemis n’apparaissent que quand vous enfoncez une porte ou au gré des cartes événements. De plus, les différentes zones que vous allez explorer se répartissent en deux catégories, à savoir la pénombre ou la lumière. Selon que vous vous trouviez dans une zone éclairée ou non, vos capacités seront modifiées et le comportement de vos ennemis sera différent. Cette subtilité apporte une réelle dimension stratégique à vos parties car elle permet d’adopter une approche avant tout discrète de la mission voire d’utiliser un héros comme appât alors que ses partenaires se tapissent dans l’obscurité, prêts à fondre sur les ennemis.
Des scénarios fouillés et des brouettes de figurines
C’est au travers de dix scénarios indépendants (mais jouables en enfilade en mode histoire) que les auteurs de Massive Darkness vont vous faire découvrir des donjons toujours plus fétides et menaçants. Parmi bien d’autres quêtes, vous y serez appelés à faire taire les insupportables tambours de guerre nains ou à renvoyer les Immortels, réputés comme les invincibles lieutenants de Darkness, dans les profondeurs des enfers dont ils sont issus. Pour les joueurs expérimentés, dix scénarios peuvent sembler un peu court pour un jeu de cette ampleur mais soulignons que chacun d’eux a été savamment travaillé et nécessitera une approche ingénieuse et coordonnée pour en venir à bout. A eux dix, ils représentent donc potentiellement des dizaines d’heures de jeu et il ne faut pas oublier que la communauté de fans est déjà à l’œuvre pour proposer sur les forums différentes quêtes issues de leur imagination.
Au-delà de la qualité narrative, ce qui séduit dans Massive Darkness, c’est aussi la beauté du matériel. Des fiches personnage irréprochables, des cartes nombreuses et variées, des tuiles sublimes et des figurines aussi pléthoriques que détaillées, il faut sans conteste souligner le soin et le détail qui ont été apportés aux éléments de jeu. Lorsqu’il ouvrira sa boîte, ce n’est pas moins de 75 figurines que l’heureux acquéreur y découvrira et, si elles sont toutes superbes, la finition de certaines est simplement renversante. Se confronter à la Liliarch ou à un Troll géant qui ont cette qualité de finition suffit à sublimer l’expérience de jeu. Bien évidemment, qui dit figurines nombreuses et variées dit également prix relativement élevé et il faudra compter une centaine d’euros pour s’offrir ce plaisir. De notre point de vue, il les vaut !
En conclusion, Massive Darkness est un jeu coopératif en mode dungeon crawler mais qui dépasse de loin le combo classique enfonçage de portes, recherche de trésors et massacre de monstres. La profondeur des scénarios, la subtilité apportée par les jeux de lumière et la qualité époustouflante du matériel en font un des gros coups de hache cœur de la rédaction !
Massive Darkness, un jeu édité par Edge et distribué par Asmodée
Âge : à partir de 14 ans
Nombre de joueurs : 1 à 6
Durée moyenne d’une partie : 2 à 3 heures