Midnight Express est un film basé sur l’histoire vraie de William Hayes, retenu prisonnier en Turquie après avoir été arrêté avec du haschich sur lui. Le film est disponible sur Netflix depuis le 1er août.
La barrière du langage
William Hayes, en tant qu’Américain, ne comprend pas le turc, tout comme les spectateurs qui ne comprennent pas cette langue, car les dialogues en turc ne sont pas traduits. Un choix qui peut déconcerter au premier abord, mais qui se révèle pourtant être judicieux !
En effet, entendre des paroles que l’on ne comprend pas accentue la confusion et la peur que l’on ressent pour le personnage. Tout peut être dit, même les choses les plus horribles sans que William ne les comprenne. Il ne sait pas tout de suite ce qu’il va lui arriver. La communication passe avant tout par le langage non verbal.
Une mise en scène organique
Le corps a en effet une importance capitale dans Midnight Express. L’espoir et la faiblesse accablent les corps éprouvés. Ils démontrent aussi la saleté et la chaleur dans laquelle les détenus vivent. La sueur couvre les corps, qui tentent tant bien que mal de s’adapter à leur environnement.
Les nombreux gros-plans sur les regards des personnages accentuent leur trouble, d’autant plus que beaucoup de regards se partagent dans le silence. Les hommes se regardent sans parler, toujours avec peur et anxiété. Et s’ils se parlent, c’est dans la confidence.
Une représentation falsifiée des Turcs
Néanmoins, les conditions de vie sordides des prisonniers donnent une vision truquée des Turcs… A ce titre, le récit manque de nuance. Tous les Turcs présents dans le film sont dépeints comme des êtres cruels et inhumains. De ce fait, le film est même interdit en Turquie jusqu’en 1993…
William Hayes lui-même déclare lors d’une conférence de presse en Turquie : « Le film a donné une image terrible de la Turquie et du peuple turc qui n’était pas juste et ne correspondait pas à mon expérience ».
Le son : loin du hasard
Par ailleurs, la musique de Giorgio Moroder (qui a notamment composé la bande originale de Scarface) renforce le malaise et le mystère du film, avec ses notes disco. Elle renforce sa terreur et sa folie aussi, car elle accompagne avec ambiguïté les moments de tension. Elle contrecarre avec la musique que l’on pourrait d’ordinaire entendre dans les films sur les prisons. Les musiques sont plus calmes, moins languissantes. D’ailleurs, Giorgio Moroder remporte l’Oscar de la meilleure musique originale en 1979 pour ce film.
Cependant, le long-métrage alterne la musique de Giorgio Moroder avec de longs silences, qui permettent aux spectateurs de jauger l’ambiance « réelle » de la prison. La mise en scène est brute, elle met en avant la violence carcérale. On peut ainsi entendre le brouhaha constant qui entoure William, les cris de douleur ou des malades psychiatriques, ou au contraire le silence pesant de la peur.