Les anti-héros sont définis comme étant les personnages principaux d’une œuvre, sans pour autant présenter les caractéristiques qui déterminent le héros conventionnel. Retour sur ces personnages souvent ambitieux et que l’on prend souvent en pitié, aussi fascinants qu’effrayants.

Lou Bloom dans Nightcrawler

Lou Bloom est certainement l’un des personnages les plus machiavéliques jamais créés au cinéma. Ambitieux, il manque absolument d’empathie et reste farouchement sur ses positions. Le plus important est de gagner de l’argent ; pour gagner de l’argent, il faut de l’inédit ; pour en trouver, il faut du sang.

Lou n’éprouve aucun remord : il est minutieux et déterminé, laissant de côté toute trace émotive envers les personnes qu’il filme. Il va même jusqu’à menacer une journaliste et lui parler comme si elle était une simple chose. Pour lui, les êtres humains ne sont que des moyens. Pourtant, le spectateur ne peut qu’être fasciné par ce personnage doté d’une persévérance sans faille. Il est très intelligent et comprend tout de suite l’industrie dans laquelle il travaille. Il s’exécute tel un robot, mais un robot qui a un esprit très développé.

Alex DeLarge dans Orange Mécanique

Alex ne vit que pour une chose : assouvir ses pulsions. Il aime l’adrénaline, le sexe et la drogue. Il passe son temps à cambrioler des maisons, voler des gens et même violer des femmes. C’est pourtant lui que l’on suit durant tout le film, jusqu’à connaître la moindre de ses pensées. Alex n’a pas d’antécédent criminel familial et adule par-dessus tout Beethoven, ce qui déstabilise le spectateur : il n’est pas l’anti-héros conventionnel.

Durant la deuxième partie du long-métrage, nous ne suivons plus les méfaits d’Alex, mais sa phase de rédemption. Stanley Kubrick embarque le spectateur dans l’esprit du jeune homme, jusqu’à ressentir de la pitié pour lui dans la troisième partie du film.

Patrick Bateman dans American Psycho

Patrick Bateman est en perpétuelle compétition avec n’importe qui : il veut être le meilleur en tout. Maniaque et psychorigide, la discipline est son maître mot pour mener une vie saine. Pourtant, sa vie est loin de l’être : il est inconscient de ses propres démons et se montre sociable et attentionné, ce qu’il n’est en réalité pas du tout. Lui, qui prône le contrôle de soi se retrouve asservi à ses pulsions et à son instinct. Si l’on peut trouver en lui un modèle de discipline, il reste un personnage antipathique, seulement soucieux de son propre bien-être.

Tony Montana dans Scarface

Tony Montana est l’un des anti-héros les plus emblématiques du cinéma. Arrogant, sans pitié et, surtout, très ambitieux, il est prêt à tout pour gravir les échelons afin de connaître la richesse et le succès.

Éternel insatisfait, il manipule son entourage et n’hésite pas à tuer pour son propre bénéfice. C’est un homme extrêmement possessif, qui fait aux autres ce qu’il n’aimerait pas qu’on lui fasse. Il est à la fois le symbole du rêve américain et son plus grand contre-exemple.

Salieri dans Amadeus

Même si le film de Milos Forman se concentre sur Mozart, il n’y aurait pas d’histoire sans Antonio Salieri. En effet, l’intrigue se construit sur la rivalité entre les deux hommes, et le film commence sur le compositeur italien. C’est même lui qui conte la suite de l’histoire.

Salieri est un personnage inoubliable : incarné par F. Murray Abraham, il est hypocrite et dédaigneux. Jaloux du génie de Wolfgang, il est prêt à tout pour le faire sombrer, quitte à se compromettre lui-même. Très croyant, il invoque l’aide de Dieu, et reste toujours poli en présence de la société et de son ennemi. Intimement, il sait qu’il a besoin de lui pour exister. Sans cette rivalité, il ne peut pas se surpasser pour complaire aux désirs musicaux du roi. On ne peut s’empêcher d’éprouver une certaine pitié pour ce personnage désespéré.

Franck Poupart dans Série Noire

Retour en France avec la performance la plus marquante de Patrick Dewaere. Franck Poupart est un homme fauché qui vit dans un quartier sordide de la banlieue parisienne. Il manque de confiance en lui et est dépravé, insolant et constamment désespéré. Il se laisse porter par la vie sans trouver de but.

Lorsque Franck rencontre Mona, une jeune fille qui lui parle de la fortune considérable de sa tante, il est désemparé et perdu. Il essaie de faire bonne figure devant elle mais est immuablement décontenancé, à côté de la plaque. Sa situation provoque la compassion du spectateur car au fond, Franck est simplement un type en manque d’amour.

La personnification des anti-héros : Louis de Funès

Légende du cinéma français, Louis de Funès n’a cessé de se pencher vers des personnages aux codes moraux douteux. Ils sont souvent égoïstes, égocentriques, radins et avides de pouvoir. Dans L’Avare par exemple, De Funès joue Harpagon, riche seigneur autant tyrannique envers ses enfants et son personnel qu’amoureux de l’argent.

La thématique de l’argent est d’ailleurs importante dans les rôles qu’il joue. Ainsi, dans La folie des grandeurs, il incarne Don Sallustre, un ministre qui ne se gêne pas pour soutirer de l’argent au peuple. Pourtant, même si ces anti-héros nous seraient détestables dans la réalité, ils le sont bien moins dans la fiction ; on les prend même en pitié. Cet aspect intéressait beaucoup Louis de Funès, car les personnages lui permettaient de faire ses célèbres mimiques qui les rendaient tout de suite presque sympathiques.

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