Dans quelques mois à peine, en septembre pour être précis, Funforge fera apparaitre sur les étals de nos boutiques préférées un jeu de civilisation aussi original qu’ambitieux : Monumental. Initialement sorti via une campagne de financement participatif, celui-ci va bénéficier d’une version boutique, un secteur d’activités sur lequel l’éditeur a désormais choisi de se concentrer exclusivement. Pour vous, nous avons conquis le monde (ou en tout cas nous avons essayé)…
Le compte-rendu de votre explorateur est formel : des troupes danoises sont en mouvement vers la ville libre de Samarcande. A leur tête, le redoutable chef de guerre Siegfried qui n’a jusque-là fait qu’une bouchée des campements barbares qui se sont dressés sur son chemin. Si ces damnés vikings continuent leur infatigable expansion, ils finiront par cantonner vos propres troupes à quelques misérables provinces. D’une voix rauque, vous convoquez l’un de vos généraux pour lui demander de multiplier l’installation de champs de tir mais alors que celui-ci s’affaire vers votre tente, un doute s’insinue dans votre esprit. La stratégie militaire est-elle la bonne ? Hua Mulan semble n’en avoir cure elle. Elle a plutôt choisi d’éblouir le monde avec la construction de sa Grande Muraille. Et plus au sud, il se murmure que Ramsès II s’entoure des meilleurs penseurs de son époque. Quelle stratégie est la plus susceptible de vous conduire à la gloire ? Et laquelle vous mènera à votre perte ?
Mon Empire : le deck-buildingistan…
Dans Monumental, chaque joueur va donc incarner le fier leader d’une civilisation en pleine expansion (au choix parmi cinq : l’Egypte, le Japon, le Danemark, la Chine et la Grèce). Le but : conquérir des provinces sur la map commune, développer des politiques culturelles, acquérir de la connaissance et construire des merveilles qui défieront le temps. Ce sont en effet les quatre axes qui permettront aux joueurs de scorer en fin de partie mais pour y parvenir, il faudra avant tout bâtir un deck de civilisation aussi puissant qu’équilibré.
Car oui, Monumental est un jeu de civilisation qui a fait le pari audacieux (mais réussi) du deck-building. Chaque joueur débute avec un deck de cartes légèrement asymétrique et la première étape du jeu consiste à bâtir sa cité, c’est-à-dire à disposer devant soi neuf cartes dans un format carré de 3×3. A chaque tour, les joueurs vont choisir une ligne et une colonne de leur cité à activer, soit cinq cartes. Celles-ci leur permettront d’activer des capacités mais aussi leur fourniront des ressources. Parmi ces-dernières, celles de production serviront à acheter de nouvelles cartes et à se lancer dans la construction de merveilles, celles de science seront utiles pour glaner des cartes connaissance et enfin celles militaires permettront de déployer des troupes sur la carte pour la purger des clans barbares (et ainsi récupérer quelques bonus) mais aussi pour disputer le contrôle des provinces aux joueurs adverses.
… et ma capitale : Comboville.
Au-delà de son aspect deck-building très réussi, Monumental est aussi (et peut-être surtout) un jeu de combos. Il faut comprendre par là que le choix de l’ordre d’activation des cartes est laissé à l’appréciation du joueur, ce qui ouvre largement le champ des possibles dans le continuum combotique. Certains effets permettent en effet d’activer d’autres cartes qui elles-mêmes vont rapporter des ressources qui à leur tour vont permettre d’activer une capacité qui réactivera une nouvelle carte et ainsi de suite. C’est évidemment très puissant et reconnaissons-le, aussi très grisant. Bien sûr, cela implique que parfois, et plus souvent en fin de partie, le tour d’un joueur puisse s’avérer un peu long. En soi, ce n’est pas très dérangeant car les joueurs qui patientent sont généralement en train d’analyser leur propre jeu pour tenter de débusquer l’enchainement qui leur sera le plus profitable quand viendra leur tour de jouer. Et ça l’est encore moins puisqu’un mode de jeu (appelé mode continu et sorti tout droit de la tête de l’auteur du jeu himself) permet d’éviter ces temps de latence entre les tours en permettant une activation simultanée des cités des différents joueurs.
Cela dit, malgré l’intense réflexion que chaque activation demandera, Monumental n’est pas un jeu dans lequel on joue dans son coin en ne levant les yeux que de temps à autre. Non, et même loin de là. La map est évidemment le premier terrain d’interactions puisqu’il s’agira d’y glaner les bonus disponibles avant les autres, de se positionner stratégiquement en vue de protéger ses merveilles et bien sûr de lutter pour contrôler le maximum de provinces. Mais ce n’est pas tout, il faudra également surveiller la façon dont les joueurs adverses orientent leur civilisation afin de les priver des cartes (ou mieux des merveilles) les plus susceptibles de leur offrir des combos létaux (et/ou des points en fin de partie)…
Faites entrer les monstres et les héros dans cette très belle arène…
Oui, une très belle arène. Nous voulions le souligner car la direction artistique dont a bénéficié Monumental mérite de l’être. Le jeu est visuellement très agréable, qu’il s’agisse de l’illustration des tuiles terrain, de la boîte ou encore des très nombreuses cartes et jetons. Et bien sûr son matériel n’est pas en reste !
Beau donc mais aussi diversifié. Nous l’avons dit, Monumental est un jeu asymétrique. Le deck de départ de chaque civilisation est un peu différent mais leurs Chefs de Guerre ont aussi chacun une capacité spéciale et chaque civilisation dispose de cinq politiques culturelles qu’elle est la seule à pouvoir développer. De plus, le jeu vient avec un livret de configurations pour la mise en place de la map. Il s’adaptera donc facilement au nombre de joueurs mais aussi à leurs envies (plutôt belliqueux ou plutôt pacifistes ce soir ?).
Et comme si cela ne suffisait pas, la boîte de base de Monumental contient deux modules qui apporteront de la variété (et encore plus de complexité) à vos parties. Il s’agit des modules Héros et Monstres. Les premiers sont des figures historiques que vous pourrez rallier à votre cause et qui vous apporteront une capacité spéciale le temps qu’ils resteront dans votre cité. Parmi eux, on compte Jeanne d’Arc, Nikola Tesla, Albert Einstein ou encore William Shakespeare. Bref que du très beau monde.
Quant aux seconds, les monstres, ils apparaîtront lors de la conquête de différentes provinces et en plus de renvoyer immédiatement dans leur caserne une partie des troupes qui ont posé le pied au mauvais endroit au mauvais moment, elles resteront ensuite tapies dans l’ombre, attaquant à intervalles réguliers jusqu’à ce qu’un joueur courageux mette fin à leur règne de terreur. En plus d’affronter des adversaires pugnaces, il vous sera donc aussi possible de vous frotter au Wendigo, à un géant des glaces, à un golem ou encore au Minotaure…
Deux extensions : Des civilisations disparues et d’autres issues du cœur de l’Afrique…
Et comme si ça ne suffisait toujours pas, deux extensions seront disponibles à l’achat en même temps que la boîte de base. La première, Lost Kingdoms, permettra de jouer avec quatre civilisations aujourd’hui disparues (les Aztèques, les Amazones, les Moghols et les Atlantes), introduira de nouvelles tuiles Terrain, de nouvelles merveilles et autorisera l’ajout d’un cinquième joueur autour de la table.
La seconde, African Empires, vous mettra quant à elle aux commandes des puissantes civilisations Zouloue, Malienne ou Aksumite. En plus d’apporter elle-aussi de nouvelles tuiles Terrain et de nouvelles merveilles, elle introduira de nouveaux modules mais aussi le concept-clé de commerce qui permettra aux joueurs de bâtir de précieux comptoirs commerciaux.
En conclusion
Nous le disions en titre, Monumental est un jeu qui porte bien son nom. Que ce soit en matière de matériel, de diversité ou de profondeur de jeu, il n’a à rougir devant aucun autre jeu de civilisation. Relativement simple à assimiler (les règles ne sont pas très longues), il n’en reste pas moins un jeu qui ne se laissera pas maîtriser facilement. Il dispose en effet d’une superbe courbe d’apprentissage, et ce sans même parler des modules, des extensions et de tout ce que ce petit monde apporte au jeu de base. Bref, en même temps qu’elles conquéraient le monde, les civilisations de Monumental ont assurément conquis notre cœur de joueur.
Monumental, un jeu de Matthew Dunstan édité par Funforge.
Nombre de joueurs : 1 à 4
Âge : dès 14 ans
Durée moyenne d’une partie : 90 à 120 minutes