Il n’y a pas si longtemps, François Rouzé et les éditions Matagot nous plongeaient dans la version Ultimate de leur accrocheur mais angoissant jeu télévisé : Room 25. Cette fois-ci, on garde le cadre mais on change le décor car cette même équipe nous entraîne dans un nouveau mais tout aussi futuriste jeu télévisé : Reload.
Le terme Battle Royale trouve son origine dans un roman japonais popularisé grâce à son adaptation cinématographique en 2000. Dans celui-ci, des élèves de terminale sont chaque année envoyés sur une île déserte afin de s’entretuer joyeusement jusqu’à ce qu’il n’en reste qu’un. Partant de là, la Battle Royale a fait des émules en littérature (coucou Hunger Games), au cinéma (re-coucou Hunger Games) mais aussi et surtout dans les jeux-vidéos (dont le plus connu est bien évidemment Fortnite). Avec Reload, c’est sur table que le mode Battle Royale tente une nouvelle incursion. Pour vous, l’équipe de Conso-Mag s’est donc adonnée au massacre tactique (mais néanmoins brutal).
Ma(ssac)riés au premier regard
Dans Reload, les joueurs incarnent des participants à un jeu télévisé concourant pour la gloire (et un peu pour l’adrénaline aussi). Parachutés sur une île déserte et hostile, ils vont tout au long de la partie tenter de réaliser différents exploits afin de faire augmenter leur jauge de notoriété. Collecter des balises, blesser d’autres participants, désamorcer des pièges (ou faire tomber ses adversaires dedans), il ne faudra reculer devant aucun sacrifice pour s’attirer les faveurs du public.
Concrètement, chaque joueur va disposer d’un concurrent doté d’une capacité spéciale et va arpenter la carte en cherchant à s’équiper au mieux, à remplir quelques objectifs et à traquer ses proies dans l’objectif avoué de leur infliger un maximum de dégâts tout en en prenant le moins possible…
La haine est dans le pré
Disons-le d’emblée car c’est une excellente chose, Reload respecte à la lettre tous les codes d’un bon Battle Royale. Ici, les joueurs vont évoluer sur une map trop petite pour assurer leur survie à tous et surtout se réduisant progressivement sous l’effet de cartes événements faisant apparaître des toxines mortelles. Les lieux sont variés et susceptibles d’offrir des avantages comme des inconvénients selon les stratégies adoptées. Et pour le reste, le libre choix est accordé aux joueurs qui pourront décider d’attaquer frontalement leurs adversaires comme d’adopter une posture de repli plus stratégique.
Et si Reload fonctionne, c’est parce qu’il est mû par une mécanique de dés pour le moins subtile et intelligente. Lors de chaque tour, les joueurs disposeront d’une réserve de dés qu’ils ne lanceront pourtant presque jamais. En effet, il s’agira plutôt d’assigner des dés à l’action que l’on souhaite entreprendre en respectant la face indiquée sur sa fiche personnage. Ramasser un objet vous fera par exemple adopter une posture vulnérable de même que courir beaucoup vous fatiguera. Or, ces différents dés (par la valeur qu’ils afficheront sur votre fiche personnage) seront ceux qui seront comparés à ceux de votre adversaire en cas de confrontation. Et l’on comprend toute l’importance de ne pas en avoir trop fait à son tour et d’avoir pensé à conserver une petite réserve stratégique de défense…
You die : Game Over Reload !
Cela dit, ce système de dés placés obligeant les joueurs à réfléchir à leur stratégie en termes de risques-bénéfices n’est évidemment pas le seul point fort du jeu. Un autre de ceux-ci tient dans son titre : Reload. Ici, les participants ne meurent pas définitivement dès qu’ils ont accumulé trop de blessures. Au contraire, ils se font reloader sur la carte tout en perdant un équipement précieux et parfois durement glané ainsi qu’en offrant un très avantageux jeton Reload à l’adversaire ayant provoqué leur perte. Voilà qui permet à chacun de continuer à jouer en évitant un écueil courant de tout ce qui touche au mode Battle Royale : être condamné à devenir un simple spectateur dès lors qu’on est éliminé.
Toujours au rayon des points positifs, la possibilité de jouer en équipe dans une version deux contre deux offre au jeu une dimension plus tactique (nous y reviendrons). Et enfin, car cela ajoute indéniablement au plaisir de jeu, comment ne pas souligner l’attrait visuel de Reload ? Celui-ci est coloré, doté d’illustrations collant parfaitement à son thème et son matériel est soigné (avec un très léger bémol sur les figurines).
Un jeu aux deux visages
De prime abord, Reload pourrait ressembler à un jeu familial et c’est d’ailleurs ce qu’il est (à tout le moins en partie). En effet, avec un public de joueurs occasionnels ou avec des joueurs un peu plus jeunes, il se révèlera un agréable jeu d’escarmouche dans lequel les combats se feront plus frontaux, plus rapides et assurément moins planifiés. En revanche, avec des joueurs expérimentés ou plus habitués aux jeux de stratégie, il pourra se muer en guerre tactique. Là, les joueurs prendront le temps de s’équiper correctement avant de se ruer sur l’ennemi, ils chercheront à établir un abri sûr et bâtiront même des murs en vue de se protéger. Ils étudieront le meilleur angle d’attaque, s’attacheront à ne pas trop s’exposer et chaque blessure infligée sera vécue comme une petite victoire plutôt que comme un élément naturel du jeu. D’ailleurs, cette seconde façon de vivre le jeu gagnera encore à être testée en équipe. C’est véritablement dans cette configuration que Reload saura dévoiler tout son potentiel stratégique.
Voilà donc un jeu aux deux visages qui tantôt prendra la forme d’un jeu d’affrontement familial et tantôt la forme d’un jeu d’affrontement beaucoup plus stratégique, et ce, selon le public auquel il sera confronté mais également selon la tournure que l’on souhaitera donner à la partie. Un nouveau point positif et suffisamment rare que pour mériter d’être souligné.
En conclusion
Reload est un très bon jeu qui offre aux joueurs la possibilité de vivre une expérience Battle Royale loin de tout écran. Il est prenant, addictif, délicieusement nerveux, relativement varié (notamment grâce aux différentes configurations de la carte) et peut se révéler stratégique pour peu que l’on prenne la peine d’en explorer cette facette. Et comme le dit Denis : « A la fin, il n’en restera qu’un ! »
Reload, un jeu de François Rouzé et de Jean-Marc Tribet, illustré par Jacqui Davis, édité par Kolossal Games pour la version originale et par Matagot pour la version française.
Nombre de joueurs : 2 à 4
Âge : dès 14 ans
Durée moyenne d’une partie : 30 à 60 minutes