Sorti en 2013 au pays du soleil levant puis adapté dans une version manga, le thriller horrifique Re/member débarque en version française aux éditions Lumen. Nous l’avons lu et avons frissonné pour vous.
Un slasher movie transposé en roman.
« Asuka, retrouve mon corps ». C’est par ces quelques mots prononcés du bout des lèvres par une de ses camarades qu’Asuka, étudiante au lycée d’Ôma, et cinq de ses condisciples vont se retrouver englués dans une terrible chasse au corps. Le principe en est simple, prisonniers d’une boucle temporelle, les six jeunes gens sont transportés chaque nuit dans l’enceinte de leur lycée et doivent le fouiller pour retrouver les morceaux disséminés du corps de leur amie alors que la Rouge-Sang, une fillette démoniaque couverte d’hémoglobine, les pourchasse pour les étriper.
Maniant avec une certaine aisance les mécanismes classiques de toute œuvre d’épouvante, l’auteur réussit le pari pourtant risqué de faire vivre un récit horrifique dans une version purement littéraire. Et il faut dire que Welzard s’en est donné les moyens. Entre les visites toujours plus terrifiantes de la victime originelle, celle qui a entraîné ses camarades dans ce cauchemar, et les scènes de traque au sein du lycée, il y a matière à effrayer le lecteur. De plus, l’idée d’enfermer les protagonistes dans une boucle temporelle, une sorte de jour de la marmotte en version macabre, permet de nous faire revivre indéfiniment leur mort chaque fois plus violente. Les lecteurs en mal d’angoisse et de tressaillements seront servis.
Re/member se construit donc principalement autour de la trame de la chasse au corps mais pas uniquement car le jour, les personnages mènent une enquête expéditive sur le meurtre d’une fillette tout en cherchant à échapper à son fantôme la nuit, l’ensemble sur fond d’amourettes entre adolescents, un autre classique du genre.
Si le style adopté par Welzard est encore un peu scolaire, parfois légèrement hésitant, et que quelques redondances alourdissent le récit, le roman dans son ensemble est bien construit et parvient à toucher son public-cible, les adolescents friands d’histoires d’horreur. Les plus ambitieux y décèleront même une légère valeur anthropologique car l’ouvrage a l’avantage de nous immiscer quelque peu dans une culture japonaise qui nous est encore étrangère voire même une valeur psychologique car, confrontés à une situation extrême, les personnalités des protagonistes se révéleront, les masques tomberont laissant parfois apercevoir des visages encore plus hideux que celui de la fillette dont ils sont la proie.