Gros coup de cœur pour ce roman, véritable plaidoyer pour la transplantation cardiaque ! Ce don gratuit n’en est finalement finalement pas un puisqu’il intervient en cas de mort cérébrale. Cela permet d’offrir dans un anonymat total et définitif un supplément de vie à quelqu’un, une personne condamnée à plus ou moins brève échéance par son cœur défaillant.
Cette gratuité humaine qui redonne confiance en la vie, forge un nouveau départ. Hymne à la vie donc ! Ce roman est à la fois passionnant et bouleversant, mais entendons-nous bien, aucun pathos larmoyant ici.
En 24 heures chrono, l’histoire s’articule autour de Simon Limbres (clin d’oeil aux limbes ?). Jeune homme de 17 ans, fou de surf, qui, suite à un accident de la route est déclaré en état de mort cérébrale. Une situation idéale pour envisager de récupérer ses organes vitaux (cœur, poumons, foie et reins ) en parfait état. Il est aussi question de Claire Mejean, quinquagénaire, dont le cœur à bout de souffle l’a contrainte à réorganiser sa vie. Au point de vivre au ralenti à proximité de l’hôpital de la Pitié-Salpétrière, dans l’attente de l’organe compatible – une vie qui s’amenuise inexorablement.
Autour d’eux gravitent évidemment les familles, les médecins, les chirurgiens, les infirmières. Mais aussi les chauffeurs de taxi agréés que Maylis de Kerangal illustre à travers des personnages très réalistes et touchants dans leurs particularités. Tous embarqués dans le tourbillon de la transplantation. Une véritable course contre la montre, ballet à la chorégraphie millimétrée où chaque maillon est indispensable au bon déroulement.
Je ne suis pas fan d’ordinaire de récits foisonnant de détails médicaux. Si une collègue de travail ne me l’avait pas prêté, j’aurais alors raté un livre marquant. Ce roman me laissera assurément une trace indélébile, tant il me conforte dans mon acceptation personnelle du don d’organes.
J’ai tout particulièrement apprécié l’alternance de narration lente chargée d’émotions et les pages de description enlevée du protocole médical. Très instructives sans être rébarbatives ; le tout servi par une écriture dense, serrée, souvent concentrée autour de mots, de verbes percutants. Je me suis laissée embarquer dans cette aventure. Au point de supporter sans difficulté un tourbillon de phrases longues qui peuvent s’étirer sur plusieurs pages. Une manière de tenir le lecteur en haleine. Et de fait, je n’ai pas beaucoup lâché le livre avant d’en avoir achevé la lecture, signe indiscutable de son intérêt.
24 heures : le temps du roman – de la fin d’une vie aux premiers battements du cœur transplanté. Une prouesse médicale et littéraire !
Un beau roman-document pour alimenter sa réflexion en vue d’une prise de position concernant ses propres organes au cas où…