Sony continue de dégainer les exclusivités en pagaille. Le mois d’avril marquait le retour de Kratos sur le devant de la scène, dans un épisode sobrement intitulé God of War, à la fois suite et reboot d’une saga où la poésie n’est pas réellement le maître mot. Finie la Grèce Antique, direction la mythologie nordique et les plaines enneigées pour l’homme aux tatouages rouge sang.
Kratos de chèvre et miel
Beaucoup on crié au scandale lors de l’annonce d’un changement de décor pour Kratos, quittant les paysages chauds et ensoleillés de l’Olympe pour faire un tour parmi les vikings et divinités nordiques que sont Odin, Thor et compagnie. De notre point de vue, les détracteurs de cette idée n’ont absolument rien compris, et les développeurs sont sans doute parvenu à les faire changer d’avis – du moins on l’espère – tant cette transposition est efficace.
Scénaristiquement, et sans trop en dévoiler pour ne pas gâcher le plaisir de celles et ceux qui n’auraient pas encore eu la chance de plonger dans l’aventure, ce God of War nous fait découvrir un Kratos qui a reconstruit sa vie dans les cimes enneigées de Midgard. Mais plutôt que de rebooter la série complètement dans une nouvelle mythologie, les développeurs ont eu l’idée brillante d’imaginer un Kratos venu se cacher sur ses terres lointaines, quittant son monde pour un nouveau. S’il tente de couper les ponts qui le relient à son passé, celui-ci ressurgit régulièrement au long de l’aventure, pour que, finalement, passé et présent ne forment qu’un.
« Ne t’excuse pas. Sois meilleur. »
De façon plus pragmatique, le scénario de cet épisode nous fait découvrir un Kratos père, qui va se voir imposé le voyage initiatique de son fils, Atreus. La relation père/fils qui existe – ou plutôt qui n’existe pas, dans un premier temps – est au centre de la totalité de l’aventure. Kratos est un mauvais père, un éducateur à la spartiate, plus axé sur la performance que sur la tentative. La progression des rapports entre père et fils est extrêmement agréable à suivre, non seulement en termes d’ambiance et de scénario, mais également en termes de gameplay.
Les développeurs ont réussi en effet un tour de force de parvenir à retranscrire cette évolution directement dans le coeur de la jouabilité, ce qui est admirable. Atreus est en effet un partenaire de combat assez peu utile de prime abord, mais parvient à être de plus en plus efficace et précieux au fil de son entraînement. Tant et si bien que certains des combats qui nous privent de lui deviennent rapidement déstabilisants.
Tape dans le tas, j’suis pas ta mère
A côté de cela, le gameplay de God of War est réellement efficace. Le titre est certes un beat’em all bourrin, mais pas bas-du-front pour autant. Si sur les premières heures de jeu, on se contente de fracasser les touches pour enchaîner les coups de forains, la difficulté grandissante du titre nous oblige très vite à réfléchir, à adapter notre style, à parer pour mieux contre-attaquer, à mettre en place des stratégies et utiliser la très grosse gamme de mouvements proposées par le soft, aussi bien pour Kratos qu’Atreus. Cet épisode de God of War propose, à ce titre, un véritable challenge, quel que soit le niveau de difficulté choisi. On retrouve bien évidemment quelques ennemis « sacs à PV » sans grand intérêt, mais aussi plus tard des boss ultra complexes, à dompter bien souvent à coups de die & retry, à l’image des redoutables Valkyries.
Comme souvent, l’aventure de God of War commence sur les chapeaux de roue avec un combat assez dantesque dès les premiers instants. Par la suite, la séquence d' »introduction » qui suit est légèrement longue, avec un rythme peu convaincant. Passée cette période, et une fois arrivé au hub central du jeu, le titre gagne en intérêt et en intensité. On se retrouve face à un nombre raisonnable de quêtes annexes, assez bien intégrées et scénarisées, qui permettent de varier un peu les plaisirs avant de foncer à nouveau dans la quête principale. Les discussions entre Kratos et Atreus au sujet de cette exploration annexe sont d’ailleurs réellement drôles, brisant d’une certaine manière le quatrième mur par moments, pour notre plus grand plaisir.
Ramage, plumage et doublage
Enfin, comme tout titre AAA moderne, God of War mise énormément sur sa réalisation et sa mise en scène. Si de nombreux critiques se sont émerveillés sur la partie graphique du titre, nous ne serons pas aussi dithyrambiques. Le jeu est très, très beau, avec certains passages réellement magnifiques, mais nous avons trouvé les décors un peu trop génériques, globalement. Mis à part quelques coups d’éclats, la claque n’est pas réellement présente, et Uncharted 4 nous avait fait plus forte impression à l’époque, par exemple. Le niveau reste toutefois très haut, et c’est faire la fine bouche que d’espérer mieux.
En complément à la réalisation graphique, l’ambiance sonore du jeu est de son côté excellente. On parle bien évidemment de la musique, toujours aussi bonne et en adéquation avec ce qu’il se passe à l’écran. On félicite également les doubleurs du jeu, qu’il s’agisse de la version française ou anglaise, excellente et toujours dans le ton. On ressent toute l’intensité de la relation entre Kratos et son fils via ces échanges très bien écrits et très bien joués.
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