Le quartier de Shibuya à Tokyo est l’un des quartiers les plus fréquentés de la capitale japonaise. S’il est réputé pour son animation et ses nombreux commerces, ce lieu emblématique est également mis en avant dans de nombreuses œuvres cinématographiques et vidéoludiques. Shibuya Crossing est ainsi devenu le carrefour le plus connu du Japon grâce à ses passages piétons immenses traversant la rue en long, en large et en diagonale.
Neo : The World Ends With You prend justement place au cœur de cet arrondissement fourmillant de Tokyo. Suite directe de l’opus The World Ends With You, issu de la collaboration en 2007 entre Jupiter et le géant Square Enix, Neo : TWEWY propose un scénario original mettant en avant un casting de personnages haut en couleur sur fond de rock et de hip-hop urbain sentant bon l’asphalte et la bombe de peinture. Une ambiance survoltée et un style artistique original pour un gameplay qui peine pourtant parfois à suivre le rythme.
NDR : votre humble testeur n’ayant jamais eu l’opportunité de jouer au premier opus de la saga, ce test de Neo : The World Ends With You se concentrera essentiellement sur les points qui distinguent cet opus comme un jeu à part entière.
Neo : The World Ends with You, c’est l’histoire de Rindo, un lycéen japonais dont l’esthétique n’est pas sans rappeler celle des personnages de Kingdom Hearts, autre franchise culte de Square Enix à laquelle le studio Jupiter a notamment apporté sa modeste contribution au travers de l’opus Kingdom Hearts : Chain of Memories sur Game Boy Advance.
Passionné de jeux vidéo et alors qu’il traine au cœur du quartier de Shibuya avec son meilleur ami Fret (Tosai Furesawa de son vrai nom), Rindo va se retrouver entrainer bien malgré lui dans un jeu sinistre mis en place par les Reapers (littéralement, les Faucheurs) dont l’objectif et les enjeux ne lui seront dévoilés qu’au fur et à mesure de sa progression dans le classement et dans le déroulement de cette compétition étrange. Un scénario d’apparence simple qui, s’il laisse initialement le jeune homme (et le joueur) confus, se révèle plus alambiqué qu’il n’y parait.
The World Is A Ligne Droite
Neo : TWEWY est un action-RPG japonais somme toute assez classique dans son gameplay divisé en deux phases. La première consiste à contrôler Rindo et son groupe sur la carte, littéralement le quartier de Shibuya, à la recherche des objectifs imposés par les Reapers et les autres protagonistes du jeu.
La seconde regroupe les combats, auxquels le joueur peut accéder grâce à la compétence de « Scan » que possèdent tous les participants du jeu et qui leur permet de détecter les « Echos », des créatures de ténèbres cherchant à dévorer l’âme de ceux qu’ils rencontrent.
Singularité qu’il convient de noter, le Scan permet également aux compétiteur de lire les pensées des gens alentours, les gens normaux inconscients de l’existence du jeu et de celle de ses participants. Une mécanique intéressante qui révèle déjà un des points faibles du titre tant son exploitation fait défaut. Si l’on prend un malin plaisir à révéler les pensées les plus secrètes des passants alentours dans les dix premières minutes de jeu, il devient rapidement évident que cette fonctionnalité relève plus du gimmick que de la mécanique.
Même constat au niveau des pouvoirs spéciaux des personnages. Chaque participant du jeu des Reapers possède une compétence unique en lien avec sa personnalité : Fret révèle ainsi rapidement qu’il peut implanter des souvenirs ou rappeler des mémoires enfouies. Rindo peut remonter le temps et ainsi de suite… Si ces pouvoirs vous intriguent et évoquent la possibilité de puzzle psychologiques dans lesquels il faudra user des capacités de nos quatre personnages pour atteindre notre objectif, vous pouvez faire une croix dessus.
Au même titre que les « énigmes » des Reapers, la progression dans Neo : TWEWY se fera de manière très linéaire. Chaque épreuve correspond ainsi à la nécessité d’utiliser un pouvoir spécifique que le jeu se fera un plaisir de vous jeter à la figure telle une tarte à la crème sortie d’un mauvais gag clownesque.
Gotta Pin’s them all
Les combats, quant à eux, se présentent sous la forme d’une arène à bords limités au cours de laquelle le joueur contrôle les quatre membres du groupe de Rindo en temps réel contre des vagues d’ennemis. Chacun possède une compétence spécifique, associée à un bouton de la manette et représentée par des Pin’s à collectionner ou à looter sur les ennemis. En fonction du temps de recharge de chaque attaque, de sa portée et de son mode d’utilisation (matraquer le bouton pour lancer un déluge d’attaques à l’épée, maintenir le bouton le temps de charger une lame d’air ravageuse, …), le joueur devra alterner entre chacun des membres du groupe pour pouvoir maintenir un rythme d’attaque constant tout en esquivant les assauts ennemis.
Chaque pouvoir est également accompagné d’une condition entrainant l’apparition de la jauge de Beatdrop (finaliser un combo, propulser l’ennemi dans les airs ou au contraire l’envoyer s’écraser contre un mur). Utiliser une attaque différente sur l’ennemi présentant cette jauge permettra de Drop the Beat, et de remplir plus rapidement la jauge de Groove permettant de lancer une attaque ultime surpuissante.
Un style de combat simple à prendre en main qui, s’il permet de mettre en place des combos d’attaques très satisfaisants à exécuter, présente rapidement ses limites tant la plupart des affrontements peuvent être résolus en bourrinant le même bouton à répétition. On notera également le manque de lisibilité de certains affrontements tant la caméra peine à suivre le joyeux bazar qui se déroule sur l’écran.
L’expérience obtenue en combat sert à améliorer ses Pin’s et à les rendre plus puissants, même si cet aspect du jeu se retrouve assez rapidement limité quand on trouve enfin une combinaison d’attaque satisfaisante permettant de balayer la résistance adverse. Les possibilités de combo et de personnalisation de la team restent toutefois un point intéressant du jeu pour les amoureux de micro-management.
Le jeu présente quatre mode de difficultés qui se débloquent au fur et à mesure de la progression et permettent d’obtenir de nouveaux Pin’s sur les ennemis. Toutefois le grinder averti saura se contenir tant les affrontements peuvent être rendus triviaux même dans les modes les plus difficiles pour peu qu’on décide de tataner quelques bestioles un peu trop souvent. Même si le jeu propose la possibilité de baisser le niveau du groupe pour accroître les probabilités de looter nos adversaires, il n’est pas rare de sa balader glorieusement dans Shibuya avec 10 à 20 niveaux de moins que le niveau requis et de continuer à massacrer les pauvres Echos.
Enfin, la map du jeu nous permet de voyager entre les rues qui composent le quartier de Shibuya. Si chacune présente son propre lot de monstres et d’activités, on déplorera tout de même une certaine répétition au fur et à mesure. En effet, la compétition des Reapers se déroule officiellement sur une semaine, chaque jour nous offrant une nouvelle épreuve et l’opportunité de passer encore et toujours à travers les mêmes lieux de Shibuya, renouvelés en monstres pour l’occasion et avec de nouvelles quêtes, certes, mais sans jamais vraiment élargir notre horizon de déplacement ni vraiment innover sur le contenu proposé. Idem au niveau des combats qui prennent lieu dans une arène spécifique à chaque recoin de Shibuya. Si en dehors des boss, ces derniers ne sont pas obligatoires et peuvent être révélés grâce à la compétence de Scan, le joueur pointilleux cherchant à compléter sa collection de pin’s ou tout simplement à monter en niveau pourra rapidement se lasser de ces affrontements optionnels.
Asphalte Gloire & Tag Urbain
Toutefois s’il faut bien retenir quelques chose de NEO : TWEWY c’est toute la force de son univers. Au-delà de son gameplay un peu simpliste, mais plaisant à prendre en main, c’est surtout par son style et sa patte graphique que le jeu séduire. On parlait de style urbain dans les premières lignes de cet article mais c’est une œuvre de graffiti mural que nous propose cet opus avec ses traits noirs gras et son chara design racé. C’est bien simple Neo : TWEWY donne envie d’y jouer rien que par son aspect visuel accrocheur. On se retrouve ainsi propulsé au cœur du quartier jeune de Tokyo dans une ambiance « cool kid » qui ferait baver d’envie votre adolescent intérieur. C’est bien simple Neo TWEWY est une ode à l’urban mode, au hip hop des années 2000 et aux grosses baffles portées sur l’épaule crachant leur son lourd et puissant.
Mention spéciale à la piste musicale de Takeharu Ishimoto, mélange jouissif de hip hop urbain pouvant laisser la place à tout moment à un riff de métal entrainant. L’ambiance sonore du jeu saura vous porter à travers son scénario créatif et accompagnera à merveille le style graphique décomplexé des personnages tout droit sorti d’un graffiti mural élaboré.
Couplé à son scénario et à ses personnages attachants, le jeu rattrape élégamment les quelques défauts que son gameplay vous jette dans les bras. Ainsi amateur de défis et de prises de tête je vous enjoins à passer votre chemin. Toutefois si c’est un bon moment que vous recherchez, une ambiance et un style unique accompagnés d’une playlist à écouter en boucle je vous recommande ce petit bijou artistique qui saura combler vos attentes.