Giuseppe Tornatore nous a servi sa nouvelle création. Le papa de « Cinema Paradiso » mélange les saveurs, se baladant entre drame, romance et thriller. En accompagnement, un très bel hommage à l’art et une atmosphère mystique et raffinée. Tornatore fait osciller ses plats entre l’amour de l’art et l’art de l’amour, qui forcément conquiert le spectateur. Voici sa recette.
The Best Offer ou La Migliore Offerta avait déjà fait parler de lui à Berlin en 2013 lors des European Film Awards. Avec le prix de la meilleure musique, mais aussi trois nominations (meilleur film, meilleur scénario, meilleur réalisateur), le film de Tornatore ne partait pas désavantagé.
Nous faisons donc la connaissance de Virgil Oldman un commissaire-priseur réputé misogyne ne possédant de relation intime qu’avec ses tableaux. Personnage mystérieux aux yeux de tous mêmes de son ami de longue date marchand d’art, Billy. Mais Oldman est piqué de curiosité par une demande d’expertise particulière : une cliente qui n’accepte de lui parler qu’au téléphone.
Tout au long de ces deux heures et onze minutes, The Best Offer nous plonge dans une atmosphère envoûtante. Vous prendrez plaisir à contempler les tableaux mis en valeur par les couleurs sombres du film. A de nombreux moments, la mise en scène silencieuse et quelque peu mystique vous emmènera vers un univers élégant et distingué. J’ai été personnellement surpris par l’originalité de la musique et la correspondance exacte des thèmes avec la vision de Tornatore. Qui est derrière la partition ? Ennio Morricone. Oui, en personne. Le maître des westerns spaghettis a rangé ses harmonicas pour s’adapter au style plus lyrique présenté à l’écran. Et c’est réussi !
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Cette atmosphère est aussi portée par les acteurs. Rien à dire, ce casting international est un régal. Geoffrey Rush (Le Discours d’un roi) incarne parfaitement le personnage complexe et antipathique qu’est Oldman. Il fait émaner une classe particulière dans ce film notamment par ses expressions du visage, ses manières, mais surtout par son rapport avec l’art. Le reste du casting est tout aussi convaincant, Claire, incarnée par Sylvia Hoeks, rend son personnage, pourtant assez délicat, crédible et Robert, incarné par Jim Sturgess (Cloud Atlas), reste bon dans le rôle du beau gosse confident. Le personnage de Donald Sutherland (Hunger Games), Billy, aurait mérité à mon avis plus d’attention tant il est intéressant.
Mais c’est quand on se penche sur le scénario et le rythme que le film devient un peu bancal. Le début est très bien géré et permet une parfaite adaptation à l’univers de Tornatore. Il y a des points intéressants, mais ceux-ci sont trop répétés et cela en devient lourd. La fin est très surprenante, pas une fois on aurait pu deviner cela (sauf à 10 secondes de la révélation…). Peut-être le spectateur aurait-il encore plus apprécié ce retournement de situation si tout au long du film des indices avaient été laissés ? En tout cas, à partir de ce point culminant, tout s’accélère. On ne comprend plus trop ce qu’il se passe, des éléments sont exposés au cours de flash-back, mais le montage reste flou et on est très rapidement perdu. Aucune autre information n’est donnée sur le climax. Certes on est en plein dans la psychologie d’Oldman, mais cela reste très déconcertant. La très bonne scène finale arrive à nous faire oublier tout cela pour quelque temps avec une belle métaphore à l’écran très efficace et accessible à tous.
Pour conclure, The Best Offer est un bon film voire un très bon film pour certains. Même s’il souffre de quelques déséquilibres au niveau de son scénario et de son rythme, l’univers particulier qu’il crée mais aussi son esthétique, ses acteurs, sa musique et son originalité réussissent à nous donner des vertiges. Alors réservez vite une table dans votre cinéma le plus proche et allez savourer le travail du chef Tornatore !