Premier court roman de la journaliste Amélie Cordonnier et publié chez Flammarion lors de la rentrée littéraire 2018, Trancher dénonce les violences subies par les femmes.
La protagoniste – jamais nommée durant les quelques 150 pages du roman, pensait son mari, Aurélien, guéri de sa violence. Seulement voilà, après des années d’abstinence, l’homme retrouve ses démons. La femme note sur son téléphone toutes ces injures pour tenter de les dédramatiser, de les rendre moins réelles.
Cependant, le poids des violences du quotidien faisant son oeuvre, elle décide de prendre une décision pour le 3 janvier, jour de ses 40 ans et de s’accorder quelques jours de réflexion après des années de violences…
Ce premier et court roman d’Amélie Cordonnier est une franche réussite. Les phrases sont courtes, frappantes, percutantes comme peuvent l’être les insultes d’Aurélien envers sa femme. L’auteure s’attaque ici à un problème beaucoup trop récurrent : les femmes maltraitées. Ici, il n’est pas question de bleus au corps mais de bleus à l’âme qui, bien moins visibles et médiatisés, n’en restent pas moins traumatisants et pernicieux.
Amélie Cordonnier ne nomme pas une fois notre protagoniste, qui est enfermée dans cette relation destructrice. Nous savons qu’elle est une épouse, une mère de famille, nous connaissons son travail, ses enfants, son mari, mais pas une fois elle n’est nommée au cours du livre. Tout le roman d’ailleurs est écrit à la seconde personne du singulier. Je soupçonne l’auteure d’avoir mis en place ces processus afin de montrer qu’il peut s’agir de n’importe quelle femme car le personnage est une madame-tout-le-monde et que cette madame tout le monde pourrait bien être une personne que vous connaissez, mais vous ignorez sa vie privée. Et il faut admettre que le fait d’avoir procédé ainsi est vraiment efficace, en plus d’être original.